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couleur de la chevelure, elle est loin de former un caractère distinctif et permanent. Cependant certaines nuances se rencontrent plus habituellement que d’autres dans certains pays : on compte plus de blonds chez les nations du Nord que chez celles du Midi, plus de roux chez les Allemands que chez tout autre peuple. Enfin il est une contrée, en Amérique, où l’on trouve une coloration de cheveux inconnue partout ailleurs. M. Prichard raconte que chez les Mandons, tribu des Dohcotas, dont il reste à peine aujourd’hui quelques individus, un grand nombre d’enfans, de jeunes gens et de femmes ont les cheveux d’un gris brillant et argenté, parfois même presque blancs. Cela se rencontre plus souvent chez les femmes que chez les hommes, qui en paraissent honteux et teignent leur chevelure avec une terre rouge ou noire. Les femmes au contraire en sont fières et y appliquent leur coquetterie.

La forme de la tête varie d’une race à l’autre, et il y a presque autant de différence entre les crânes d’un Européen et d’un Éthiopien qu’entre ceux de l’Éthiopien et du singe. Chez l’un, les dents sont verticales, le front droit, la mâchoire inférieure peu avancée ; chez l’autre, les dents sont proclives, le front fuyant, les pommettes saillantes, etc. Chez l’Européen, la partie supérieure du crâne est à peu près ovale ; chez le nègre, la tête est rétrécie transversalement ; chez le Caraïbe, elle se prolonge en arrière et affecte la forme d’un concombre. Ces différences ont servi de base à un grand nombre de classifications. La principale de ces méthodes, auxquelles on donne le nom de méthodes crâniennes, se tire de la mesure de l’angle facial de Camper. Cet angle est formé par l’écartement de deux lignes partant de l’épine nasale antérieure et se dirigeant l’une horizontalement en arrière, l’autre en haut, de manière à toucher la partie la plus avancée du front. Il est, comme on le voit, d’autant plus ouvert que le front est moins fuyant, et que le type observé appartient à une race plus intelligente. M. Virey s’est servi de cette méthode pour diviser les hommes en deux espèces : chez l’une, l’angle varie entre 85 et 90 degrés ; chez l’autre, il est de 75 à 85 degrés ; chez le singe, il n’a guère que 35 ou 40 degrés, tandis que chez l’Apollon du Belvédère ou la Méduse de Sosiclès, il atteint 100 degrés. Ce caractère, quoique fort important, ne doit pas être pris pour base unique de classification ; on ne doit pas, comme Camper, en tirer la seule différence fondamentale entre les hommes et les animaux, mais on doit en tenir un compte sérieux, et il est assez permanent pour que des physiologistes l’aient considéré comme une preuve excellente de l’existence de plusieurs espèces dans le genre humain.

La situation du trou occipital (par où passe la moelle épinière), la dureté ou la blancheur plus ou moins grande des os qui composent le crâne, la solidité de leurs sutures, la saillie des pommettes, etc., sont encore des caractères qu’il ne faut pas négliger. Enfin la capacité du crâne a servi de base à plusieurs classifications, il y a peu d’années, un Américain célèbre dans ce genre de recherches, M. Morton, a ressuscité un procédé déjà employé par Tiedemann. il a mesuré la capacité du crâne chez un grand nombre de sujets, en le remplissant comme un vase avec du poivre pilé bien sec, et il a établi ainsi une classification dans laquelle les Américains forment une espère à part. Sans ajouter foi à la phrénologie et à la localisation matérialiste des facultés humaines, sans penser que les hommes diffèrent des animaux