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parce qu’ils ont certaines protubérances de plus ou de moins dans le cerveau, il est impossible de ne pas être frappé du rapport qui existe d’ordinaire entre la capacité du crâne et l’élévation des facultés. S’il est vrai que parfois des idiots et des fous présentent un développement monstrueux de la tête, cela tient à une déformation, et le cerveau ne remplit pas alors exactement la cavité crânienne. Des faits saillans tendent à prouver que l’état de l’intelligence est en rapport avec le volume de cet organe. Ainsi un cerveau ordinaire pesé environ 1250 grammes ; celui de Cromwell pesait 2231 gr., d’après Baldinger ; celui de lord Byron, 2238 grammes ; celui de Dupuytren, 1436 gr., et celui de Cuvier, 1829 grammes, Les deux premières évaluations sont probablement un peu exagérées, mais les deux autres sont certaines. D’autres faits, observés pas M. Lélut, tendent à la même conclusion ; M. Morton, en mesurant la capacité des crânes chez les différentes races, est arrivé à des résultats identiques, et il a fondé ainsi sa classification à la fois sur des différences organiques et sur des variétés intellectuelles.

Le squelette vous présente aussi des diversités nombreuses et importantes, car les agens extérieurs paraissent devoir agir avec moins de facilité sur la conformation des os que sur les traits du visage ou la coloration de la peau. Certains peuples ont le tronc plus long et les membres plus courts que d’autres. Une courbure très sensible des cuisses et des jambes fait paraître un peu arqués les nègres les mieux faits. Chez les Hottentots, la cavité de l’humérus est percée d’un trou qui n’existe pas chez les autres peuples. Les Boschismans ont des membres grêles, des bras longs, des pieds plats et assez analogues à leurs mains, organisation qui les éloigne des Européens pour les rapprocher des orangs, etc.

La stature n’est pas la même chez tous les hommes. Il n’a jamais existé, il est vrai, de peuples de nains ni de peuples de géans ; les Patagons n’ont pas trois ou quatre mètres de haut, Comme le croyaient Magellan et les premiers voyageurs qui le suivirent dans ces contrées inconnues. Toutes les fois que l’on a attribué à des géans ces énormes ossemens découverts dans le sein de la terre, des recherches plus exactes ont démontré qu’ils appartenaient à ces énormes pachydermes antédiluviens dont nous avons peine à concevoir l’existence. Cependant on peut dire d’une manière générale que chez certains peuples une haute taille est plus commune que chez d’autres. Ainsi les Patagons ont presque tous une stature au-dessus de la moyenne, près de six pieds ; les Lapons, au contraire, sont les plus petits des hommes. Chez quelques peuples, on trouve aussi, ce qui est très fréquent chez les animaux, des femmes plus grandes et plus fortes que les hommes.

À l’égard de la durée de la vie, elle est à peu près la même chez tous les peuples, et rien ne prouve qu’elle ait beaucoup varié depuis le commencement du monde. S’il est vrai que les premiers hommes, et les peuples sauvages encore aujourd’hui, vivant dans la simplicité d’un état champêtre, ne connaissaient pas un grand nombre de maladies, il faut ajouter qu’ils ignoraient aussi l’art de les guérir, et que leur nourriture était moins saine et moins fortifiante. Quoi qu’on en ait dit, même sous ce rapport, la civilisation nous a rendu de grands services. Une meilleure nourriture, un logement plus sain, un meilleur vêtement, élèvent la taille et augmentent la force de