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L’ÉLECTRICITÉ OUVRIÈRE




LA GALVANOPLASTIE DANS LES ARTS ET DANS LA NATURE




Quod fleri ferro, liquidove potest electro. (VIRGILE)
Les produits de l’aimantation et du fluide électrique.
(Traduction libre.)


Tout le monde connaît dans les Mille et Une Nuits ce roi et son grave conseil qui s’évertuent à pousser à bout la puissance d’une fée complaisante en lui demandant des choses de plus en plus merveilleuses. On peut dire qu’il en est de même de l’industrie humaine avec l’électricité. Cet agent mystérieux, ce génie de la foudre, que les Orientaux regardent, je ne sais pourquoi, comme un génie de très petite taille, semble avoir outrepassé pour les exigences de l’esprit humain toutes les bornes de la condescendance et même avoir dans chaque occasion donné plus qu’on ne lui demandait.

Dans l’école milésienne de Thalès, cinq ou six siècles avant notre ère, on savait qu’un morceau d’ambre jaune appelé électron, étant frotté, attirait les corps légers comme l’aimant attire le fer, et depuis Thalès jusqu’à Descartes, cent théories de ce phénomène furent mises au jour. C’était une assertion de la part du maître, une croyance aveugle de la part des auditeurs. Il l’a dit lui-même. Tout était fini.

Vers le milieu du XVIIe siècle, Otto de Guéricke, l’inventeur de la machine pneumatique, fit aussi une machine électrique au moyen d’un globe de soufre fondu gros comme la tête d’un enfant et monté sur un tour. Ce globe, en tournant, frottait sur un coussin élastique et s’électrisait au point de donner des étincelles pétillantes. Depuis cette époque, on interrogea la nature par l’expérience, et, laissant de côté les stériles théories qui avaient depuis plus de deux mille ans entravé et énervé l’esprit humain, on renonça à deviner les causes des phénomènes, on chercha à constater ce qui était pour en conclure ce qui faisait.