Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 6.djvu/817

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rien auprès du prix de la planche gravée, Ce sont les grands sceaux de l’état pour le règne de Napoléon III, reproduite en argent avec toutes les finesses de la gravure artistique qui rendent nos médailles et nos monnaies actuelles presque impossibles à contrefaire. Ce sont des objets d’ornement sculptés en ronde-bosse avec une fantaisie fabuleuse pour cens qui n’auraient vécu qu’avant 1830. Qu’on apporte à M. Coblentz un modèle en cire, en plâtre, en terre glaise, des armoiries à figures délicates, l’empreinte d’un cachet ou tout autre objet naturel ou artificiel, et il en tirera le fac-similé métallique avec autant de bonheur que de simplicité ouvrière.

Disons en passant que par ces mêmes procédés, des fleurs, des fruits et même des pièces d’anatomie et des échantillons d’histoire naturelle ont été, qu’on me passe l’expression, fac-similisés en métal. Au ministère de la guerre, on a depuis peu installé un atelier pour la reproduction galvano-plastique des planches de la carte de France pour en réduire le prix et en même temps pour en rendre possibles les corrections et additions, car si l’on enlève au burin la partie défectueuse d’une planche galvanoplastique, on peut facilement la reproduire dans le bain métallique et la graver de nouveau. C’est ainsi que la carte des environs de Londres et de l’agglomération londinaise, qui monte à trois millions d’âmes, est continuellement mise à jour par ce procédé également employé à New-York en Amérique.

Abordons maintenant notre grand hôtel des monnaies et visitons le splendide atelier de M. Hulot. Là des piles de luxe artistement et scientifiquement établies, travaillant avec une intensité et une rapidité merveilleuses, déposent du cuivre d’aussi bonne qualité que les produits des fontes de premier ordre. C’est par cent mille francs qu’il faut compter le prix de cette belle installation, dont les produits sont des objets d’art qui ont concouru avec avantage à l’exposition de Londres. Ce sont des médailles reproduites en toutes sortes de métaux et même d’alliages. Ce sont des timbres-postes fabriqués par dizaines de millions en un petit nombre de semaines. Ce sont des cartes à jouer d’un relief étonnant, des reproductions galvanoplastiques de statuettes d’un fini précieux, à côté des gravures électriques des billets de banque dès lors incontrefaisables. Plusieurs planches gravées, d’un art sans égal, reproduisent toutes les tailles, toutes les finesses de la gravure primitive, que celle-ci soit sur cuivre ou sur acier, et cela sans la moindre crainte d’endommager l’original, souvent unique, dont la galvanoplastie opère la reproduction. Quant à la quantité de science d’observation mécanique, métallurgique, physique et chimique emmagasinée dans cet atelier scientifique et artistique de M. Hulot, il faudrait un volume pour en donner une idée, sans compter les procédés exclusifs, fruits d’une observation persévérante, qui n’ont point encore été présentés à l’Académie des Sciences et mis dans le domaine commun de la pratique industrielle, La remarque faite dans cet atelier, qu’à une température trop basse le dépôt métallique se ralentissait fort, avait conduit à employer une étuve pour accélérer le travail et obvier aux inconvéniens de la saison froide. C’est le même procédé qui depuis a si bien réussi à M. Mathiot en Amérique, et dont les journaux américains ont fait un si grand éloge, ignorant que ce procédé était déjà en usage en France.