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Viens dans mon logis ; tu es pâle et malade ; par mon zèle, par mon travaille le procurerai de quoi manger et te vêtir.

Je veux aussi soigner et veiller les enfans qui t’accompagnent, mais toi d’abord, toi la première, ô pauvre et malheureuse enfant !

Je ne te raconterai jamais que je t’ai aimée, et quand tu seras morte, j’irai pleurer sur ton tombeau.

XL.

Cher ami, à quoi bon chanter toujours la même chanson ? Veux-tu donc éternellement demeurer là accroupi, couvant les vieux œufs de ton amour ?

Ah ! c’est une besogne qui ne finira jamais. Les petits poussins brisent leurs coques, ils piaulent, ils sautillent, et toi tu les mets en cage dans ton petit livre.

XLI.

Ne soyez pas trop impatient, si parfois les accens de mes douleurs d’autrefois résonnent dans mes nouvelles chansons.

Attendez ! il se dissipera, cet écho de mes douleurs, et un nouveau printemps de poésie jaillira de mon cœur convalescent.

XLII.

L’heure est venue enfin de renoncer sagement à ma folie ; il y a si longtemps que, pareil à un histrion, je joue la comédie avec moi-même !

Les décorations magnifiques étaient peintes dans le haut style du romantisme ; j’avais un manteau de chevalier étincelant d’or, et j’étais parfumé des sentimens les plus délicats.

Hélas ! à présent que je suis redevenu sage et que j’ai renoncé à cette folle sentimentalité, je me sens toujours malheureux comme si je jouais encore la comédie.

Ô mon Dieu ! c’est qu’en plaisantant et sans en avoir conscience, j’ai exprimé ce que j’éprouvais réellement, et j’avais la mort dans la poitrine quand je jouais le rôle du gladiateur mourant.

XLIII.

Le roi Wiswamitra supporte toutes les tortures sans relâche ; à force de luttes et de pénitences, il veut gagner la vache du prêtre Wasischta.

O roi Wiswamitra, quel animal es-tu donc ? Quoi ! tant de luttes, tant de pénitences ! et, tout cela pour une vache !

XLIV.

Mon cœur, ô mon cœur, ne sois plus triste ! Supporte ta destinée ; un nouveau printemps te rendra ce que t’a enlevé l’hiver.