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Et que de biens te sont restés encore ! Le monde est si beau ! Et puis, mon cœur, tout, tout ce qui te plaira, tu peux l’aimer.

XLV.

Tu es comme une fleur, si gracieuse, si belle, si pure ! je te contemple, et une douce tristesse se glisse dans mon cœur.

Il me semble que je devrais poser mes mains sur ta tête et prier Dieu de te conserver toujours si gracieuse, si belle, si pure.

XLVI.

Enfant, ce serait ta perte, et moi-même je fais tous mes efforts pour que ton cœur bien-aimé ne brûle jamais d’amour pour moi.

Cependant je suis presque désolé d’avoir un jeu si facile, et je me dis maintes fois : Ah ! malgré tout, puisses-tu m’aimer !

LXVII.

Lorsque la nuit je suis couché sur mon lit, enveloppé de ténèbres, je vois flotter devant mes yeux une douce, une gracieuse et chère image.

À peine un paisible sommeil a-t-il clos mes paupières, que la chère image se glisse légèrement dans mon rêve.

Mais elle ne s’évanouit pas avec mes rêves le matin ; tout le jour, je l’emporte avec moi dans mon cœur.

XLVIII.

Que la neige au dehors s’amoncelé comme une tour, qu’il grêle, qu’il vente, et que l’ouragan fouette mes vitres, je ne me plaindrai pas, car je porte dans ma poitrine l’image de ma bien-aimée et la joie du printemps.

XLIX.

Mon pâle visage ne t’a-t-il pas révélé assez mes souffrances d’amour ? Veux-tu que ma bouche orgueilleuse en fasse l’aveu avec l’humilité d’un mendiant ?

Oh ! elle est trop fière, cette bouche ; elle ne sait que baiser et railler. Elle lancerait peut-être quelque sarcasme au moment où mon cœur se briserait de douleur.

L.

Je voulais rester près de toi, je voulais me reposer à tes côtés ; mais toi, tu étais pressée de partir, tu avais maintes choses à faire.

Je te dis alors que mon âme t’était toute dévouée ; tu te mis à éclater de rire, en faisant un signe moqueur.