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seul mot ; je le livrerais aux vents joyeux qui joyeusement l’emporteraient.

Ils le portent vers toi, ma bien-aimée, ce mot chargé de douleurs ; tu l’entends retentir à toute heure, tu l’entends retentir en tout lieu ;

Et à peine le sommeil de la nuit aura-t-il fermé tes yeux, que ce mot douloureux ira te poursuivre jusque dans le plus profond de tes rêves.

LVI.

Tu as des diamans et des perles, tu as tout ce qui excite les désirs des femmes ; tu as aussi les plus beaux yeux du monde. — Ma bien-aimée, que veux-tu de plus ?

Sur tes beaux yeux, j’ai rimé des milliers de chansons qui ne périront pas. Ma bien-aimée, que veux-tu de plus ?

Avec tes beaux yeux, tu m’as torturé, torturé ! et tu me fais mourir… Ma bien-aimée, que veux-tu de plus ?

LVII.

Celui qui aime pour la première fois, lors même qu’on ne l’aime pas, celui-là est un dieu ! Mais celui qui aime pour la seconde fois sans être payé de retour, ce n’est qu’un sot.

Moi, je suis un sot de cette espèce, et j’aime encore sans être aimer Le soleil, la lune et les étoiles en éclatent de rire ; moi, je ris avec eux, et je meurs.

LVIII.

Ils m’ont donné de bons conseils, de bons avis, et m’ont comblé de marques d’estime ; je n’avais qu’à prendre patience, disaient-ils ; ils voulaient me protéger.

Mais avec toute leur protection, j’aurais très bien pu mourir de faim, s’il n’était pas venu un brave homme qui vaillamment se chargea de moi.

Brave homme ! c’est à lui que je dois de n’avoir pas succombé. Jamais je n’oublierai les services qu’il m’a rendus. C’est dommage que je ne puisse pas l’embrasser, car ce brave homme, c’est moi-même.

LIX.

Je rêve ; je suis le bon Dieu, je trône là-haut dans le ciel, et autour de moi sont assis des anges qui chantent mes vers.

Je mange des gâteaux et des sucreries pour plus d’un florin ; je bois du malaga, et je n’ai pas de dettes.