LE ROI OTHON
ET LA GRÈCE
DANS LA QUESTION D’ORIENT
Le plus triste épisode de la déplorable campagne où se traîne depuis un an la politique russe est l’aventure dans laquelle elle vient de compromettre la Grèce. Qu’est-ce que la Grèce ? Une petite nationalité à peine renaissante, un état faible qui n’a pu se former par sa propre spontanéité, et ne peut vivre sans protection étrangère. Qu’est-elle pour la civilisation européenne ? Une création généreuse de l’opinion libérale, un monument de notre culte littéraire pour l’antiquité, une espérance fondée sur un souvenir. Qu’est-elle pour la politique des peuples occidentaux ? Une expérience qui permette à l’élément hellène de développer sa sève et sa force, un point de repère autour duquel, si jamais les éventualités de l’avenir l’exigeaient, se puissent rallier les populations chrétiennes de l’empire ottoman, le noyau d’un état qui, si sa bonne conduite le place à la hauteur de sa destinée, puisse faire entrer un jour l’Orient dans le cercle des intérêts et des idées progressives de l’Occident. Eh bien ! sous l’influence des mauvais exemples et des instigations de la Russie, la Grèce vient de manquer à son intérêt, à son devoir, à son avenir. Elle s’est aveuglée sur sa faiblesse, elle est restée sourde aux conseils de ceux