Page:Revue des Deux Mondes - 1854 - tome 8.djvu/697

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a illustré la beauté haute en couleur, amènent là leurs enfants, les joues pleines de roses et les mains pleines de gâteaux, car c’est le caractère des jardins zoologiques de convenir en même temps à la promenade et à l’étude.

L’origine et la constitution économique de la société d’histoire naturelle d’Anvers sont des souvenirs qu’on aime à évoquer au milieu du jardin qui est sa création. C’était en 1843. Une société se constitua, ayant à sa tête huit principaux membres. Un naturaliste, M. Kets, fut nommé directeur perpétuel de l’établissement qu’on allait fonder. Un emprunt de 100,000 francs, dont les actions furent souscrites par les habitants d’Anvers, devait être consacré à l’achat du terrain et à la construction des premiers bâtiments. Le terrain a été agrandi en 1847, et les travaux intérieurs se sont successivement élevés. Voilà pour la fondation ; voici maintenant pour l’entretien actuel de l’établissement. Les frais du jardin zoologique d’Anvers montent aujourd’hui à près de 100,000 francs par année. Cette somme est fournie : 1° par la rétribution d’un franc d’entrée que la société prélève sur les visiteurs ; 2° par la vente d’oiseaux exotiques et d’autres animaux, pour la plupart nés dans l’établissement ; 3° par une cotisation annuelle de 25 francs, que versent les sociétaires et par l’apport d’une somme de 20 francs, une fois payée à leur entrée dans l’association. Le nombre des visiteurs est considérable, et la société d’histoire naturelle compte maintenant deux mille cinq cents membres. On voit que la situation est prospère.

L’acquisition des animaux est favorisée par les relations établies entre certains sociétaires et les capitaines de vaisseaux. C’est à qui, parmi les membres de la société, se servira de ses influences pour obtenir à prix réduits les exemplaires vivants que les navires amènent dans le port ; plusieurs dons sont même arrivés par cette voie au jardin zoologique. Chacun des associés, se considérant comme copropriétaire de l’œuvre, met une sorte d’amour-propre à cultiver la prospérité de l’établissement, à accroître et à entretenir les collections. La police du jardin est faite par tous les membres intéressés ; les richesses d’histoire naturelle sont placées sous leur sauvegarde, et partout éclate, dans l’administration de ces richesses, l’esprit d’ordre et de conservation que développe le sentiment de la solidarité. La surveillance d’une ménagerie est d’ailleurs chose délicate et minutieuse. Pour entretenir vivants des animaux nés sous des climats si opposés, il faut une connaissance pratique de leurs mœurs, de leurs caractères, de leurs besoins, et beaucoup d’exactitude dans le service. Les pertes faites par cette société d’histoire naturelle ont été peu considérables, et les résultats méritent encouragement, si l’on considère surtout en combien peu d’années ils ont été obtenus.