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devant Valenciennes, où se trouvait déjà le duc de Luxembourg, le roi eut sous ses ordres pour le siège cinq maréchaux de France réunis[1]. Le sol était encore partout couvert de neige, le temps affreux ; mais on avait la certitude désormais que rien n’entrerait dans Valenciennes. L’ennemi n’était pas prêt à tenter quelque opération contre le camp français ; assuré contre le dehors, l’investissement de la ville une fois terminé, le roi n’avait donc plus à s’occuper qu’à vaincre la résistance de la place. Or, ainsi que nous l’avons déjà dit, elle pouvait être envisagée comme très sérieuse.

Au mois de janvier précédent, le roi avait nommé lieutenans généraux pour servir en Sicile les marquis de Latour de Montauban et de Mornas. Quelques jours avant son départ, il fit une très grande promotion d’officiers-généraux pour la campagne de Flandre. Tous ces braves, illustrés par leur naissance et leurs services personnels, se distinguèrent plus tard dans nos armées, ou furent tués glorieusement sur nos champs de bataille. Quel que soit le drapeau de la France, nous devons être fiers du courage de nos soldats : ils se battirent aussi bien à Senef et à Fontenoy qu’à Fleurus et à Marengo ; nos troupes faisaient aussi noblement leur devoir à Austerlitz qu’à la Moskowa ; elles ne se conduisaient pas moins vaillamment à l’Alma et à Inkerman qu’elles n’ont combattu à Constantine et à Zaatcha. Le Moniteur est là pour enregistrer chaque jour les beaux faits d’armes de nos armées ; il faut que l’historien, quand il le peut, rappelle aussi les belles actions de nos anciennes guerres, dont on perd si facilement la trace et le souvenir[2].

Aussitôt après l’arrivée du roi au camp on perfectionna les lignes,

  1. Le Mercure Hollandais, que j’ai été curieux de consulter, dit que l’armée française devant Valenciennes était composée de cinquante à soixante mille hommes, que la tranchée fut ouverte dans la nuit du 9 au 10 par trois mille travailleurs et soutenue par six bataillons de garde avec six escadrons.
  2. J’aime à rappeler ici les noms des officiers-généraux promus en mars 1677 par Louis XIV. Je m’estimerais heureux si, dans le fond de sa province, quelque pauvre gentilhomme, descendant obscur d’une des familles dont je parle, lisait avec émotion son nom reproduit ici. Voici les lieutenans-généraux nommés par le roi le 1er mars de cette année : — le prince de Soubise ; les marquis de Genlis, de Joyeuse, de Rannes, de La Trousse et de Monclar ; les comtes d’Auvergne, du Plessis, de Bissy, de Chazeron, de Montbron et de Gassion. Les maréchaux de camp furent : — le prince palatin de Birckenfeld ; les marquis de Lambert, de Renty, de Schomberg, de Tilladet de Boufflers, de Quincy, de la Rablière ; les comtes d’Ayen et de Broglio ; les chevaliers de Fourbin et de Tilladet ; MM. d’Albret, de Bocquemare, de Cezan, d’Ortys, de Pertuys, de Ranché, de Révillon, d’Aspremont, de Lançon, des Bonnets et de La Villedieu. MM. de Jonvelle et de La Fitte furent en même temps nommés brigadiers de gendarmerie. Les marquis de Nonnan, de Busenval de La Salle, de La Valette, de Montrevel, de Saint Celais, du Bordage et de Livourne, ainsi que les comtes de Saint-Aignant, de Tallait, le chevalier de Grignan, et MM. de la Serre, de Saint-Rut, de Vivans, de Langallerie et de Cheverau, eurent le