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Page:Revue des Deux Mondes - 1855 - tome 11.djvu/1127

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Pologne, la température est celle de l’été, et les chevaux y prennent un pelage noir et frisé en rapport avec l’influence de la température locale. Le forage du puits de Grenelle dans Paris a ramené des eaux à 27 degrés centigrades, et M. Walferdin, qui seul a pu sonder la température à de telles profondeurs en France et en Allemagne, a constaté un accroissement de 31 mètres environ dans la profondeur pour chaque degré de chaleur en plus. Si l’on eût pu atteindre une couche d’eau inférieure de 2 à 300 mètres, et qui est indiquée par quelques inductions géologiques, on eût ramené de l’eau toute chauffée pour bains et lavoirs publics et pour plusieurs usages domestiques où le combustible apporte ses inconvéniens et sa cherté.

Pour ne plus y revenir, vu la simplicité de la chose, nous dirons que les eaux thermales sont le produit de sources qui tombent dans de profondes fissures ou cavités dont le fond est par conséquent fort chaud, et qu’elles ressortent de là en débordant par la chute de nouvelles quantités d’eau froide qui vont se réchauffer à leur tour et déborder ensuite. Rien de plus simple. On peut du reste, le long des falaises de Normandie, constater que les sources de fond qui sortent de dessous les plateaux étendus sont sensiblement à une température plus élevée que les sources ordinaires et superficielles.

Il n’est pas rare de voir, à l’époque des tremblemens de terre, des masses d’eau bouillante jaillir de dessous le sol entr’ouvert. C’est encore un des indices de la grande chaleur qui règne dans les profondeurs de la terre. Toutes les eaux souterraines qui s’infiltrent et font des amas à trois ou quatre kilomètres au-dessous de la surface sont forcément des eaux bouillantes. Les faits sont ici par centaines.

Avant d’aller plus loin, je veux réfuter une erreur des plus accréditées. Plusieurs géologues ont imaginé que la vapeur d’eau pouvait produire les soulèvemens qu’on observe dans les masses continentales, et que cet agent puissant, renfermé dans les entrailles de la terre, où la chaleur ne manque pas, pouvait exercer une réaction capable de mouvoir une couche de terrains et de roches de soixante kilomètres d’épaisseur. C’est une grande erreur physique. Tous ceux qui ont essayé de représenter par une formule la force croissante de la vapeur d’une eau de plus en plus échauffée ont reconnu que cette force tendait vers une limite qu’elle ne pouvait pas dépasser. Ceci est peut-être un peu sérieux pour nos lecteurs, mais qu’ils veuillent bien prendre la peine de suivre ce raisonnement. — J’ai de l’eau et de la vapeur dans un vase de fer battu d’une résistance indéfinie et j’active le feu. À mesure que de nouvelles quantités de chaleur s’insinuent dans l’eau au travers du fer, il s’ajoute de nouvelles quantités de vapeur aux quantités déjà formées, et la force élastique s’accroît. Si le vase de fer n’est pas à l’épreuve, il se brise en éclats dangereux comme ceux d’une bombe ; mais s’il résiste, voici ce qui se passe : à force de s’accumuler, la vapeur devient tellement compacte, que l’attraction qu’exercent ses particules l’une sur l’autre balance le ressort qui nait de l’accession d’une nouvelle quantité de vapeur, et que le ressort de la masse diminue. Les gaz sont dans le même cas. À force d’être condensés, l’attraction prédomine enfin. Dans plusieurs expériences fort périlleuses que j’ai tentées en arrêtant mécaniquement des dégagemens gazeux, et notamment celui de l’hydrogène, l’accroissement de la force