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navires d’un Lloyd ottoman? Un Lloyd ne sauvera pas à lui seul la Turquie; mais quand elle en provoquera la création, ce sera signe qu’elle est sur la voie d’autres moyens de salut.

Les mystères de la franchise du port et les habitudes connues des douanes autrichiennes ne permettent guère d’accepter aveuglément les appréciations périodiques qu’on a faites de la valeur des marchandises sur lesquelles roule le commerce de Trieste, et ceux qui la connaissent le mieux se garderaient bien de la dire; mais le mouvement de la navigation correspond assez exactement dans une ville maritime avec celui des affaires qui s’y traitent. Nous prendrons pour base de nos évaluations la dernière période décennale[1]. A comparer les trois premières années de cette période aux trois dernières, on voit le mouvement moyen passer de 973,220 tonneaux à 1,631,664, c’est-à-dire s’accroître dans un si court espace de temps de 68 pour 100. Le port de Marseille lui-même est très loin d’avoir fait un pareil progrès. La prospérité du port de Trieste est d’autant plus sûrement assise que ses relations avec les ports autrichiens sont plus multipliées : la moyenne du mouvement purement national a été, pendant les années 1846, 1847 et 1848, de 416,709 tonneaux, et celle des années 1853, 1854 et 1855 a été de 854,758 tonneaux. Elle a plus que doublé. Si l’on cherche dans les six années postérieures à 1849 quelles ont été les parts respectives du pavillon autrichien et des pavillons étrangers dans le mouvement total, on voit que le premier a couvert 6,206,316 tonneaux, et les derniers 2,981,928 seulement : les accroissemens signalés plus haut reviennent presque tous au pavillon national; les autres n’y ont qu’une faible part. Le commerce avec la Grèce, l’Egypte, l’Archipel, le Levant et la Mer-Noire, a presque doublé dans les mêmes termes; il s’est élevé de 257,741 tonneaux à 496,394. Des faits si éclatans n’ont pas besoin pour être compris d’être appuyés par des justifications de détail.

Le commerce et la navigation de Trieste approchent-ils du moins de cet état d’équilibre ou ils ne seront plus affectés que par les va-

  1. Pour cette période, le mouvement du port de Trieste se résume dans le tableau suivant :
    ¬¬¬
    Entrées et sorties réunies «
    Années 1846 16,782 navires. 985,514 tonneaux.
    — 1847 17,321 — 1,007,331 —
    — 1848 17,812 — 926,815 —
    — 1849 20,553 — 1,269,258 —
    — 1850 21,124 — 1,323,796 —
    — 1851 24,101 — 1,408,802 —
    — 1852 27,931 — 1,556,652 —
    — 1853 29,317 — 1,675,886 —
    — 1854 26,556 — 1,730,911 —
    — 1855 21,081 — 1,489,197 —