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controverse. Il y eut des remarques, des questions, des réclamations de Hooke, qui eut plus d’une fois raison, de Huyghens, du docteur Briggs, professeur au collège de Corpus Christi à Cambridge, de Locke, philosophe peu mathématicien, mais grand ami et admirateur de Newton alors que celui-ci faisait son cours d’optique au collège de la Trinité. Longtemps ses idées n’avaient été imprimées que dans les Transactions philosophiques sous la forme d’articles ou de lettres à ses adversaires et a ses amis. Il ne les réunit en les corrigeant et les complétant qu’à l’âge de soixante-deux ans. En 1704, étant président de la Société royale, il publia son grand traité d’optique intitulé : Optiks, or a Treatise on the reflexions, refractions, inflexions, and colours of light. En 1706, cet ouvrage fut traduit en latin à la prière de Newton par son ami le docteur Samuel Clarke, et on dit qu’il paya la traduction 500 livres (12,500 francs). Une seconde édition fut faite en 1717, et un autre de ses ouvrages sur l’optique fut imprimé après sa mort en 1728. C’est le cours qu’il faisait à Cambridge pendant les années 1669, 1670 et 1671.

La biographie de Newton est peu intéressante depuis le moment où nous l’avons quittée jusqu’à son élection au parlement, en 1695. Toutes ces années se passèrent en travaux de tout genre, et sa seule distraction consistait à venir de Cambridge à Londres, pour assister aux séances de la Société royale, où il n’était pas toujours fort bien traité. On a fait à sir David Brewster un reproche fondé, mais sévère. On s’est plaint que le nouveau biographe de Newton eût séparé en plusieurs classes toutes ses découvertes, et fait disparaître le caractère si remarquable de simultanéité et de mutuelle dépendance qui les distingue. Il est difficile, en racontant une telle vie, d’échapper à ce reproche, et nous ne le tenterons pas. Avant de donner une idée des découvertes astronomiques de Newton, qui ne le cèdent en rien à ses découvertes en optique, et qui sont même le principal fondement de sa gloire, nous rappellerons que, dès 1665, il avait conçu à Woolsthorpe la première idée de la cause du mouvement des planètes, mais qu’une fausse idée de la distance de la lune à la terre l’avait découragé. Dix ans plus tard, Picard ayant mesuré exactement cette distance, Newton recommença ses calculs, et l’on dit qu’il fut tellement troublé par l’espoir du résultat dont il approchait, qu’il fut obligé de prier un de ses amis de les finir. Des observations nombreuses, des calculs divers et compliqués confirmèrent ces premiers indices ; les conseils de ses amis, les communications de Flamsteed, astronome royal, surtout les encouragemens de Halley, l’enhardirent, et dans l’été de 1687 fut publié l’ouvrage qui est regardé depuis cent cinquante ans comme le monument le plus considérable de l’esprit humain. Ce livre incomparable est intitulé Philosophioe naturalis Principia mathematica.