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et Chamites les Égyptiens) dans l’Asie occidentale et dans l’Afrique. Premières civilisations empreintes d’un caractère matérialiste ; instincts religieux et poétiques peu développés ; grande aptitude pour les arts manuels et pour les sciences mathématiques et astronomiques ; esprit positif, tourné vers le négoce, le bien-être et l’agrément de la vie. Toutes les civilisations couschites et chamites ont disparu sous l’effort des Sémites et des Ariens : en Chine, au contraire, ce type de civilisation a survécu, il est venu jusqu’à nous. 3o Apparition des grandes races nobles, Ariens et Sémites, venant de l’Imaüs. Ces races apparaissent en même temps dans l’histoire, la première en Bactriane, la seconde en Arménie. Très inférieures d’abord aux Couschites et aux Chamites pour la civilisation extérieure et les travaux matériels, elles l’emportent infiniment sur eux pour la vigueur, le courage, le génie poétique et religieux. Les Ariens eux-mêmes dépassent tout d’abord les Sémites en esprit politique et militaire, et plus tard en intelligence et en aptitude aux spéculations rationnelles ; mais les Sémites conservèrent longtemps une grande supériorité religieuse, et finirent par entraîner presque tous les peuples ariens à leurs idées monothéistes. Une fois cette mission accomplie, la race sémitique déchoit rapidement, et laisse la race arienne marcher seule à la tête des destinées du genre humain.

Cette série est bien tracée. Il est certain que historiquement l’Égypte est le plus ancien des pays, c’est-à-dire celui qui a les plus longues annales, et même j’ajouterai que, tout en pénétrant ainsi à la plus haute antiquité qu’il soit, présentement du moins, possible d’atteindre, on n’arrive en aucune façon aux origines égyptiennes. Les monumens les plus reculés montrent la société dès-lors organisée, comme elle le fut toujours plus tard, avec ses prêtres, ses rois, son écriture, ses arts, en un mot avec toute sa civilisation, de sorte que nécessairement ce vaste ensemble a été précédé par une période inconnue et illimitée de préparation et de civilisation inférieure. Après l’Égypte viennent les grands centres fondés sur les bords de l’Euphrate et du Tigre. Enfin les Tyriens et les Hébreux d’une part, les Ariens de la Perse et ceux de l’Inde d’autre part, fondèrent de puissantes sociétés. On voit donc, dans le temps que nous appelons la haute antiquité, et qui pourtant est d’une date relativement moderne quand on songe aux siècles sans nom et sans histoire qui avaient commencé l’œuvre commune, on voit, dis-je, se former un fonds solide de civilisation. À part les Indiens, qui de bonne heure perdirent toute relation avec les autres, et, se développant sur eux-mêmes, ne reçurent ni n’exercèrent d’influence générale, l’Égypte, la Babylonie, la Syrie, la Perse, constituèrent un système qui fut longtemps le guide et la lumière du monde. C’est de là que partirent les semences fécondés qui germèrent en Grèce, et la