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LA LITTERATURE
ET
LA VIE MILITAIRE

Les Cousins d’Isis, — Aventures du Temps passé, — Caractères et Récits du Temps, — Histoires sentimentales et militaires, par M. Paul de Molènes



Quand le XIXe siècle aura terminé sa carrière, je ne sais quelle figure nous ferons devant la postérité avec nos alternatives si rapides de grandeur et de misère, d’enthousiasme et de découragement ; mais à coup sûr ce ne sont pas les brillans épisodes qui manqueront à notre histoire. La vie littéraire est en cela toute semblable à la vie politique, là aussi les contrastes sont nombreux : à côté des signes de rajeunissement, il y a des signes de mort, et l’on ne sait vraiment quel jugement porter sur l’ensemble d’une telle époque, à moins de lui appliquer ce que Pascal dit de l’homme : « S’il se vante, je l’abaisse ; s’il s’abaisse, je le vante. »

L’infatuation est certainement l’un des principaux symptômes de ce temps-ci ; la pusillanimité n’est pas un trait moins caractéristique de notre physionomie morale. De là le double devoir imposé aux publicistes qui suivent avec une attention sympathique et inquiète les destinées de notre âge ; ceux qui l’exaltent à tout propos et ceux qui le condamnent de parti pris sont également infidèles à leur mission. Pour moi, j’ai toujours pensé qu’en ces matières le désenchantement et l’indifférence n’étaient pas moins dangereux que l’adulation. Certes, quand le XIXe siècle se complaît dans ses œuvres et lâche la bride à son orgueil, c’est un devoir impérieux de le contredire,