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M. Alcide d’Orbigny, parce que les terrains qui ont été formés pendant sa durée sont très développés dans la Touraine.

À l’époque turonienne, l’Attique était, au moins en partie, encore cachée sous la mer. J’ai recueilli quelques renseignemens sur cette mer primitive. Plusieurs de ses animaux me sont connus : c’étaient des hippurites, des radiolites, des térébratules et plusieurs autres mollusques, des oursins et des polypiers. Je pense que son bassin s’étendait jusque dans le midi de la France, car on voit dans le département du Var des terrains qui, absolument semblables à ceux de la Grèce, renferment les débris des mêmes animaux. Sur les points qui forment aujourd’hui une partie de la Mégaride, de l’Attique, de la Phocide, etc., la profondeur de la mer dut être très grande. Les couches qui s’y sont formées se composent de granules d’une excessive ténuité ; elles sont très homogènes, et les coquilles y sont extrêmement rares, circonstances qui résultent en général de la grande profondeur d’un bassin. Enfin la mer dut recouvrir les mêmes points pendant un laps de temps immense, si l’on en juge par l’épaisseur des couches qui s’y sont déposées.

C’est sans doute vers la fin de la période secondaire qu’eut lieu le principal relèvement de l’Attique et des pays qui en sont voisins. Alors surgirent des flots un grand nombre de localités devenues célèbres par leurs prétendues divinités et par leurs héros : les monts Icarus, OEgaleus, Corydalus, Ozea, Hymète, l’île d’Hélène, les roches où fut creusé l’antre de la pythie de Delphes, le mont Hélicon et le Parnasse lui-même, réputé le séjour d’Apollon et des Muses. Qu’il me soit permis de remarquer que ce séjour d’Apollon ne remonte pas très loin dans la durée des âges du monde : la géologie de la Grèce, en révélant le peu d’ancienneté d’un grand nombre de lieux où l’on a fixé la demeure des divinités, prouvera que celles-ci sont beaucoup plus jeunes qu’une infinité d’animaux fossiles. Les anciens, à la vérité, étaient peu sévères pour leurs dieux, et ne croyaient point l’éternité inséparable de la divinité.

Les mouvemens dont je viens de parler avaient cessé depuis longtemps, lorsqu’eut lieu la dislocation qui donna naissance dans notre pays à la chaîne des Pyrénées. Cette dislocation se reproduisit à des distances très grandes, et particulièrement en Grèce. Ainsi que M. Élie de Beaumont l’a démontré, les chaînes de montagnes qui se dirigent dans le même sens ont généralement apparu à la même époque. J’ai pu vérifier dans les montagnes de la Grèce l’exactitude des calculs que l’illustre géologue avait faits à plus de cinq cents lieues de distance.

Les chaînes qui surgirent en Grèce à la même époque que les Pyrénées en France croisèrent les montagnes qui avaient été relevées précédemment. C’est à ce croisement de chaînes que la Grèce orientale