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hutte, que leurs héritiers n’abandonnent pas pour cela. Jadis les grands personnages étaient placés dans des tombeaux en forme de larges entonnoirs, entre deux couches d’esclaves que l’on immolait pour cette circonstance. M. Baikie dit que cette pratique sanguinaire tend à disparaître ; il paraît cependant que quarante esclaves furent encore immolés à la mort du dernier roi. Les femmes portent des bracelets en ivoire très lourds qui sont rivés à leurs jambes. Le temps est mesuré par saisons et mois lunaires, lesquels sont divisés en sept périodes de quatre jours. À la côte, les cauris ont perdu toute valeur ; plus on se rapproche de la mer et plus ils diminuent de prix ; dans l’Igbo, c’est le sel qui sert d’intermédiaire pour les échanges.

Après l’Igbo, la Pleiad traversa l’Oru et revit la mer.

Résumons maintenant les résultats obtenus par l’expédition anglaise du Tchadda. Ces résultats ont un double intérêt. D’abord le Binue ou Tchadda a été reconnu sur un espace de cent vingt lieues environ au-delà du point atteint jusqu’à ce jour par les hommes d’Europe. Les mœurs des indigènes, étudiées attentivement, ont prouvé qu’il était possible d’entretenir avec eux des relations amicales. La route fluviale du Soudan a été en quelque sorte tracée, pendant que le docteur Barth explorait si courageusement la route terrestre de la même région. Telle est la part qui, dans la campagne de la Pleiad, intéresse la science géographique ; mais à un autre point de vue la tentative de M. Baikie n’est pas moins curieuse. — Elle a prouvé qu’en se soumettant à quelques règles hygiéniques, les Européens pouvaient affronter certaines régions de l’Afrique regardées jusque-là comme interdites à l’explorateur par les influences meurtrières du climat. Elle marque ainsi, on peut du moins l’espérer, le point de départ d’une ère nouvelle dans l’histoire, jusqu’à présent si funèbre, des explorations africaines.


ALFRED JACOBS.