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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 août 1857.

Voici quelques jours remplis d’étranges méprises. L’Europe vient de traverser au pas de course, et sans avoir eu le temps des se reconnaître, une épreuve des plus sérieuses, durant laquelle tous les regards se portaient alternativement vers deux points opposés, Constantinople et Osborne. À Constantinople éclatait une crise violente et brusque, quoique facile à prévoir. Elle a commencé par la chute de Rechid-Pacha, pour aboutir à une scission momentanée entre les gouvernemens. Un an après la paix signée à Paris, quatre des puissances contractantes, la France, la Russie, la Sardaigne et la Prusse, agissant d’intelligence, se déclaraient en état de rupture ouverte avec la Sublime-Porte. Moins d’une année après que les derniers soldats de notre armée d’Orient repassaient le Bosphore, laissant derrière eux cet empire turc qu’ils venaient d’étayer, le pavillon français était amené par notre ambassadeur, dans Constantinople, et, circonstance plus grave encore, dans ce déchirement de toutes les relations, les représentans de deux des puissances européennes, de l’Angleterre et de l’Autriche, restaient auprès du cabinet ottoman, dont ils paraissaient se constituer les conseillers et les inspirateurs écoutés. La cause de cette complication d’ailleurs, on la pressent, on la connaît : c’est cette question des principautés danubiennes, c’est cette affaire des élections moldaves enlevées par la violence, et dont l’annulation, réclamée avec autorité du droit par la France, la Russie, la Prusse et le Piémont, a été dès l’abord refusée par la Porte, sous la périlleuse influence de lord Stratford de Redcliffe et de l’internonce d’Autriche. Tel était l’état des choses à Constantinople.

Maintenant qu’on jette les yeux d’un autre côté : au même instant, l’empereur des Français était en visite auprès de la reine Victoria à Osborne, dans l’île de Wight. Pendant que les ambassadeurs de France et d’Angleterre étaient dans deux camps opposés à Constantinople, et que ce nuage