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de décembre 1855 je m’y rendis avec MM. de Courville, capitaine du génie, et Quesnoy, médecin-major, sur le bateau à vapeur l’Ajaccio, uniquement affecté au service personnel de l’ambassadeur de France, et que M. Thouvenel voulut bien mettre à ma disposition. M. Laurent, capitaine du navire, nous fit arriver, malgré le mauvais temps, en trente-six heures à l’île de Mételin. Le consul de France, M. Didier, nous procura des chevaux, amenés par des cavas ou coureurs. Ces cavas suivent le cavalier et ne sont jamais distancés par lui, quelle que soit l’allure du cheval. Peiné de voir mon cavas courir à mes côtés par des chemins pierreux, je partis à fond de train, pour le laisser en arrière. Je fus fort surpris de le voir arriver avant moi, tout prêt à me tenir l’étrier pour m’aider à descendre.

Mételin, l’une des plus grandes îles de l’Archipel, est l’ancienne Lesbos, si renommée pour ses vins et ses courtisanes. Elle se trouve à mi-chemin entre Smyrne et les Dardanelles ; elle a la forme d’un triangle ; les angles se terminent par autant de caps : au nord le cap Mativa, à l’ouest le cap Sigri, à l’est le cap Sainte-Marie. La circonférence de l’île est d’environ quarante lieues, la longueur de seize lieues sur douze de largeur. Le sol, très accidenté, est exempt de marécages. Les plus hautes montagnes sont à la partie ouest de l’île : le mont Ordinus, que l’on découvre de quinze ou vingt lieues, et le mont Saint-Hélie, à l’extrémité orientale de la côte sud, forment de hauts plateaux couronnés par le mont Olympe, dont la hauteur est de 3,080 pieds anglais.

Outre divers mouillages, l’île possède trois excellens ports sur le côté sud : le port Langan, le plus grand des trois ; le port Sigri ; enfin le port Olivier, l’un des plus importans de l’Archipel. Le port Olivier n’est qu’à six kilomètres de la ville de Mételin ; il s’avance à six lieues dans les terres sur une largeur de six kilomètres. De hautes montagnes l’encadrent entièrement et l’abritent contre la violence des vents. Les oliviers dont elles sont couvertes forment au-dessus du port une magnifique couronne, et lui ont donné son nom. Le port Olivier pourrait contenir aisément une flotte de cent vaisseaux. On y entre par les vents du sud, on n’en peut sortir que par les vents du nord. Un bateau à vapeur remorqueur ferait disparaître cet inconvénient. Les montagnes situées à l’ouest sont garnies de plus et de sapins de grande dimension, dont le bois alimente des chantiers de construction pour d’assez forts navires de commerce. Une douzaine de beaux villages sont assis sur la croupe adoucie des monts. Au fond du port existe un établissement d’eaux thermales légèrement salines, à 24 degrés Réaumur, appelé Quindros, possédant deux piscines de marbre assez spacieuses pour contenir en-