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semble une centaine de baigneurs. Ces eaux, qui jouissent dans le pays d’une grande réputation, pouvaient être utilisées pour nos malades; elles auraient été sans doute efficaces contre les indurations et les douleurs de membres que laisse le scorbut.

Le sultan perçoit le dixième de la valeur de tous les produits de l’île. Mételin en 1850 a exporté 300,000 quintaux d’huile d’olive, mais l’hiver rigoureux de 1851 a attaqué les arbres, et la production a été momentanément réduite à 100,000 quintaux. L’île compte de nombreuses plantations de mûriers, et exporte chaque année environ 100,000 kilogrammes de soie. La production du blé est insuffisante pour les besoins des insulaires. Les moutons sont très nombreux; la chair en est excellente et se vend au détail 70 c. Le kilogramme; la laine brute vaut 35 fr. Les 55 kilogr. Les bœufs sont conservés pour le labour : ceux qui servent à la nourriture sont importés d’Asie, dont la côte n’est distante que de 16 kilomètres. Les chevaux sont très petits et semblables aux chevaux corses. Le lait de vache est rare, mais celui de chèvre afflue pendant dix mois de l’année, et on en fait de très bons fromages. Les légumes frais sont en grande quantité et à très bas prix; j’ai vu vendre 5 cent, des choux qui, en Grimée, coûtaient 2 fr. 50 c. Les pommes de terre sont de très bonne qualité. Les oranges, les citrons abondent. Les poissons, dorades, mulets, homards, sont à très bon marché. Le vin est chaud, généreux, aromatisé avec des plantes labiées, ce qui à mon sens en affaiblit les qualités. De riches mines d’antimoine sont, dit-on, en voie d’exploitation; de belles carrières de marbre et même de charbon de terre, découvertes à Policnity, ne sont pas encore exploitées.

Le chiffre de la population, évaluée à 70,000 âmes, comprend 20,000 Turcs, dont 10 ou 12,000 vivent dans la ville; le reste des habitans, presque tous d’origine grecque, est réparti dans 74 villages bien bâtis, où tout respire l’aisance. Le climat de l’île est très salubre, doux et tempéré : l’oranger y croît en pleine terre. Les maladies sont rares; la fièvre intermittente est, pour ainsi dire, inconnue. Les hommes arrivent à un âge fort avancé. Les eaux sont abondantes et d’excellente qualité. Mételin est réputée pour sa grande salubrité; aussi beaucoup de malades des îles de l’Archipel y vont-ils passer leur convalescence.

Un hôpital de convalescens aurait été heureusement placé dans cette contrée privilégiée. La ville de Mételin est dominée par une grande citadelle. Cette citadelle, construite par les Génois en belles pierres de taille, s’avance comme un promontoire, et s’élève sur des étages de batteries superposées à une hauteur de 80 mètres au-dessus du niveau de la mer, d’où elle semble sortir tout d’une pièce. Cette forteresse renferme un grand nombre de magasins, les uns