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duits que l’on peut obtenir du maïs, qui est de la même famille, et présente avec le sorgho de curieuses analogies.

Le sorgho sucré[1] est une belle plante de la famille des graminées, d’un port élégant, à tiges droites, élancées, lisses, s’élevant à deux ou trois mètres de hauteur et au-delà, lorsqu’on la cultive en terre fertile, sous un climat favorable. Ses touffes sont composées de huit ou dix tiges garnies de feuilles flexueuses et retombantes, régulièrement espacées. Les deux ou trois tiges principales développent à leur sommet une panicule conique de fleurs d’abord vertes, passant ensuite par degrés à des tons violets qui, vers l’époque de la maturité, se foncent en une couleur pourpre assombrie. Ses graines sont petites, très brunes et luisantes. Il paraît évident, d’après les observations précises de M. Dupeyrat, que cette plante peut atteindre sa maturité dans nos contrées méridionales, lorsque, semée dans les meilleures terres à la fin d’avril, elle trouve en cinq mois, du 20 mai au 20 octobre, une somme de température égale à trois mille degrés (soit, en moyenne quotidienne, 20 degrés de température pendant cent cinquante jours). Le sorgho sucré ne donne de graines mûres que sur les terres situées au midi de la Loire, de la Garonne, du canal du Languedoc, et sur une étendue assez considérable de la vallée du Rhône. Les circonstances climatériques, bien plus favorables en Algérie, ont permis d’arriver à de meilleurs résultats en cent vingt-quatre jours. Le complet développement de la plante semble subordonné toutefois à l’emploi d’abondantes fumures et à quelques arrosages ou irrigations convenablement ménagés.

On comprend toute l’importance qu’il convient d’attacher à la production de la graine du sorgho depuis qu’une observation curieuse, faite par M. de Beauregard, a été confirmée par M. Hardy, l’habile directeur des pépinières de l’Algérie, et plus récemment par M. Leplay. Ces agriculteurs ont reconnu que, contrairement à ce qu’on aurait pu attendre des lois ordinaires de la physiologie végétale, la sécrétion amylacée dans les graines du sorgho n’a pas lieu aux dépens du sucre accumulé dans les tiges, que même ce dernier principe immédiat se rencontre en plus fortes proportions au moment où la plante entière atteint sa maturité complète, lorsque ses tiges sont encore gorgées de sucs. Il faudrait se garder toutefois de laisser dépasser ce terme, car bientôt après des altérations sensibles se manifesteraient, et viendraient amoindrir les produits sucrés[2].

  1. Holcus saccharatus, Hort.; andropogon saccharatus, Kunt.
  2. Dans son intéressante monographie du sorgho, M. Le docteur Sicard, à qui l’on doit la découverte des principes colorans de la graine, rapporte l’observation curieuse qu’il a faite de la disparition de la substance sucrée dans la flèche (développée au sommet de la plante) pendant la maturation des graines, tandis que le sucre continuait à s’accumuler dans la tige.