Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 15.djvu/436

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
DES
EXPOSITIONS UNIVERSELLES

Rapport adressé à l’Empereur par S. A. I. le prince Napoléon sur l’Exposition universelle de 1855.



Les expositions universelles de Londres et de Paris laisseront dans le souvenir de la présente génération et dans l’histoire du XIXe siècle une trace profonde. La nouveauté et la grandeur de l’idée qui a réuni dans une même enceinte les produits du génie humain, l’immense concours de population qui, attiré des différens points du monde, s’est pressé dans les galeries d’Hyde-Park et des Champs-Élysées, la solennité dont les gouvernemens ont entouré ces fêtes de l’industrie et de l’art, tout, en un mot, a contribué à rehausser l’éclat du magnifique spectacle dont nous avons été témoins. Comment ne pas rappeler le saisissant contraste que présentaient les deux expositions avec l’état général de l’Europe à l’époque où elles se sont ouvertes ? En 1851, l’Europe était à peine remise d’une commotion révolutionnaire qui avait suspendu l’activité du travail industriel ; en 1855, elle se trouvait en pleine guerre. À la vue des merveilles exposées à Londres et à Paris, se serait-on douté que la révolution et la guerre étaient aux portes ? Au milieu de ce panorama des œuvres de la paix, pouvait-on songer encore aux désordres de la rue et aux terribles scènes des champs de bataille ? Les expositions de Londres et de Paris ont eu les honneurs de la période si pleine d’événemens, si émouvante, que nous venons de traverser. Par elles, les peuples ont protesté contre la révolution et contre la guerre ; par elles, la pensée contemporaine a exprimé élo-