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quemment ses vœux pacifiques et tracé le programme qu’elle assigne à la politique de l’avenir. La France revendique l’idée de ces concours universels, la Grande-Bretagne se glorifie d’avoir pris l’initiative de l’exécution; mais à quoi bon faire ainsi la part des deux peuples, dont l’émulation dégénère trop souvent en rivalité? Ce n’est ni l’Angleterre ni la France, c’est le génie du XIXe siècle qui a inspiré et exécuté l’entreprise. Les expositions universelles procèdent des besoins, des sentimens, des passions de notre temps.

Il y a donc là une question nouvelle. Les expositions de 1851 et de 1855, si brillantes qu’elles aient été, peuvent n’être considérées que comme des essais, comme une première application d’une pensée juste et grande. Il s’agit maintenant d’y puiser pour l’avenir d’utiles enseignemens, et d’en dégager les principes qui devront présider à l’organisation des expositions futures. Telle est la tâche qu’a entreprise, dans un rapport adressé à l’empereur et récemment publié, le prince Napoléon. Parmi les nombreux travaux qui ont été consacrés au compte-rendu de l’exposition, ce rapport mérite particulièrement de fixer l’attention. Après avoir exposé les faits et comparé les résultats obtenus à Paris et à Londres, le président de la commission impériale a exprimé, sur le rôle des expositions, sur les réformes à introduire dans ces grands concours de l’industrie et des beaux-arts, une opinion personnelle dont on ne saurait récuser la compétence, et qui ouvre le champ à un libre débat.

Malgré la guerre, en dépit des nombreuses difficultés d’exécution que rencontrait une telle entreprise, tentée pour la première fois en France, l’exposition de 1855 a réussi : elle a attiré plus de cinq millions de visiteurs; la collection des chefs-d’œuvre de l’art et de l’industrie a été aussi complète qu’on pouvait l’espérer; les meilleures dispositions avaient été prises pour l’installation des produits et pour le bien-être du public. En voyant, d’après le rapport du prince Napoléon, les obstacles qui se présentaient presque à chaque pas, les moyens qu’il a fallu souvent improviser, les expédiens auxquels on a dû avoir recours pour convoquer de tous les points de la France et du monde les produits destinés à l’exposition, pour les classer avec méthode en conciliant autant que possible les lois de la science avec les exigences de la pratique, et surtout pour les loger dans le Palais clé l’Industrie, reconnu insuffisant dès l’origine, ainsi que dans les bâtimens annexes, on apprécie l’importance et la multiplicité des travaux auxquels s’est livrée la commission impériale et la part d’initiative et d’intelligente direction qui revient à son président. Le rapport que nous avons sous les yeux trace l’historique des différentes phases par lesquelles a passé l’exposition universelle. Constitution et organisation, — installation, — appré-