Page:Revue des Deux Mondes - 1858 - tome 15.djvu/575

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dans le rapport du ministre des travaux publics à l’empereur, qui précède le dernier résumé des travaux statistiques de l’administration des mines, on peut voir une carte intéressante dont on ne saurait trop louer l’ingénieuse et utile disposition, et qui représente à la fois, pour l’année 1850, la production et la consommation des divers départemens en combustible minéral. Sur chacun de nos bassins, un carré, dont la surface est proportionnelle à la production, figure cette première donnée fondamentale. Pour chaque département, un cercle, dont l’aire est proportionnelle à la consommation, représente ce second élément de la question des houilles. En outre, des secteurs, dont l’ouverture angulaire est en rapport avec la quantité, de combustible importé, en font connaître la provenance indigène ou étrangère. L’usage des signes conventionnels est même, sur cette carte spéciale, poussé si loin qu’on y voit la proportion suivant laquelle chaque bassin français concourt à la consommation d’un département quelconque. Enfin les voies de circulation de la houille sont figurées sur cette carte, qui résume ainsi dans un langage parlant aux yeux, tous les élémens essentiels de l’industrie et du commerce des combustibles minéraux. On sait que M. Charles Dupin a naguère figuré sur une carte de France, au moyen de teintes plus ou moins foncées, le degré de civilisation dans chacun de nos départemens. Si l’on compare ces deux cartes, on est frappé, comme le remarque justement le comité des houillères, de la grande analogie des résultats qu’elles fournissent. Cette conclusion était du reste facile à prévoir, la consommation de la houille donnant en quelque sorte la mesure de la production manufacturière et agricole, et aussi de la population dans une région déterminée. On ne sera donc point étonné de voir paraître au premier rang dans les deux cartes le département du Nord, qui consomme à lui seul près du cinquième de la houille brûlée en France ; les départemens de la Loire et de la Seine, qui en consomment chacun plus du dixième ; ceux du Pas-de-Calais, du Rhône, de Saône-et-Loire, du Gard. Il n’est point non plus surprenant de trouver parmi les moindres consommateurs les départemens du Gers, des Hautes-Pyrénées et de la Corrèze, dont les deux premiers ne figuraient même pas, avant 1848, sur le tableau du commerce des combustibles minéraux.

Un simple coup d’œil jeté sur la carte de l’administration des mines montre l’étendue des régions desservies en partie par les houilles de provenance étrangère. On y voit les produits du bassin de Sarrebruck pénétrer dans sept départemens, en tête desquels sont ceux de la Moselle, de la Meurthe, du Bas-Rhin et des Vosges, et ne pas dépasser une ligne qui relierait les villes de Colmar, Épinal, Chaumont, Saint-Dizier, Bar-le-Duc et Verdun. On y reconnaît de même le domaine attribué aux houillères de la Belgique,