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LA PRINCESSE
DES URSINS

I. La Princesse des Ursins, essai sur sa vie et son caractère politique, par M. F. Combes.
II. Lettres inédites de la Princesse des Ursins, publiées par M. A. Geffroy, 1859.



Racine et lien de la famille, la femme n’est pas moins étrangère par ses aptitudes naturelles que par son ministère domestique aux intérêts généraux des sociétés : la conduite de ceux-ci réclame en effet un dégagement de cœur et d’esprit auquel elle ne saurait atteindre qu’en se transformant elle-même, au détriment de ses devoirs et de sa véritable puissance. Subordonner toujours les personnes aux choses, ne jamais dépasser dans ses efforts la stricte mesure du possible, ces deux conditions de l’esprit politique répugnent à sa nature ardente et dévouée. Chez les femmes mêmes où ces dons-là se sont rencontrés au degré le plus élevé, la netteté du coup d’œil a été presque toujours obscurcie par les ardeurs de la poursuite ou celles du patronage, par l’irrésistible besoin de pousser à outrance la fortune de ses idées et surtout celle de ses amis.

Parmi les héroïnes de la fronde, il s’est rencontré de grands esprits et des âmes fortement trempées ; cependant, lorsque la nation leur eut remis le soin de son avenir dans une occasion décisive, ces femmes aux inspirations généreuses et aux goûts si délicats ne profitèrent du pouvoir que pour inaugurer une politique dont le nom