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certaines, il nous sera facile d’établir ce prix normal par un calcul bien simple, qui repose d’ailleurs sur le cours actuel des matières premières, et sur la dépense moyenne dans une fabrication journalière de 500 à 1,000 ou 1,500 kilos. Pour obtenir dans ces conditions 2 kilos de chocolat, on emploie :


fr. c.
Cacao de Para, Maragnan ou’Trinité, 1 kilog. coûtant 2 fr. 20 c. brut, revenant après le mondage, qui enlève 25 pour 100, à 2 fr. 75 c.
Les frais de torréfaction, broyage, moulage, refroidissement, représentent, avec les frais généraux de loyers, intérêts, éclairage, personnel à la vente, etc 0 40
Sucre raffiné en pains, 1 kilog. coûtant 1 55
Enveloppes en étain et papier 0 10
Dépense totale pour 2 kilog 4 fr. 80 c.
Le prix coûtant d’un kilogramme est donc de 2 fr. 40 c.
Le prix de vente aux marchands ou en gros étant fixé à 2 70
Le bénéfice net du fabricant est de 0 fr. 30 c.

Bénéfice égal à celui du marchand qui vend en détail 3 fr. le kilo ou 1 fr. 50 c. la livre de 500 grammes.

Il est donc de toute évidence que sans en acheter plus d’une livre à la fois, on peut se procurer du chocolat de très bonne qualité, très agréable et très salubre, au prix de 1 franc 50 centimes les 500 grammes, représentant 16 tasses, ce qui fait revenir la tasse à 10 cent., en y comprenant une minime dépense de préparation. Cet aliment de choix serait donc déjà à la portée de tous les consommateurs, et le goût s’en généraliserait bientôt, si partout on le livrait sans addition de faux frais et sans mélanges nuisibles. On pourrait même le livrera un prix inférieur en y employant les cacaos sans triage ; l’arôme, il est vrai, serait alors un peu moins doux. Il serait possible même d’aller plus loin dans cette voie du bon marché, sans mélanges illicites, en faisant usage du cacao des îles ; mais alors l’arôme, moins délicat encore, ne serait plus du goût de tout le monde : les qualités nutritives et salubres n’en seraient pas moins complètes cependant. D’un autre côté, on peut désirer obtenir des produits doués d’arômes variés, plus agréables à certains consommateurs ; on y parvient sans peine en associant aux cacaos du Brésil 10, 15 ou 20 pour 100 de cacao caraque soigneusement trié. Cette matière première coûtant 3 fr. 60 c. et revenant à 4 fr. 20 cent, après la torréfaction et le mondage, le prix du chocolat s’élèverait à 3 fr. 60 cent., 3 fr. 80 cent., 4 fr. le kilo, ou 1 fr. 80 cent., 1 fr. 90 cent, et 2 fr. la livre. Si enfin on tenait à y faire ajouter l’arôme de la vanille, les prix s’élèveraient encore de 50 cent, à 1 fr. ; mais ces chocolats de fantaisie comptent pour bien peu de chose dans la consommation générale.