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pays ne se déployèrent pas moins avec une telle énergie, que, de 1805 à 1809, les exportations s’élevèrent de 31 millions de livres sterling à plus de 46 millions, et en dépit du système continental elles atteignirent en 1814 le chiffre de 53 millions 1/2 de livres (1,300,000,000 de francs). Néanmoins pendant cette période la guerre et les mauvaises récoltes avaient souvent porté les blés à plus du double de leur prix ordinaire, et les salaires n’avaient pas suivi la même progression. Il en était résulté pour les ouvriers, dont le nombre allait toujours croissant, les privations les plus pénibles, malgré l’augmentation de paie reçue à titre de secours proportionnels au nombre de leurs enfans. À ce sujet, lord Castlereagh déclara, en 1817, que des 20 ou 21 shillings par livre payés pour la taxe des pauvres, 15 étaient affectés aux salaires des travailleurs, selon l’habitude presque générale des vestrys. Après de longues discussions, M. Curwen demanda la formation d’un comité pour chercher, sinon un remède radical, au moins quelques palliatifs. Les moyens qu’il proposa furent un income-tax de 10 pour 100, un impôt sur les terres de 12 1/2 pour 100 et un impôt hebdomadaire de 2 1/2 pour 100 sur les salaires des ouvriers. En faisant contribuer les travailleurs à l’assistance, M. Curwen espérait relever leur moral, simplifier les questions de domicile et mettre un terme aux procès continuels qui, nés de ces questions, absorbaient une large part des fonds destinés aux pauvres. Lord Castlereagh, organe du gouvernement dans la chambre des communes, consentit à la formation d’un comité, tout en exprimant de grands doutes sur la possibilité de réaliser les vœux de M. Curwen. Sans rien changer à la loi existante, le ministre voulait que la condition de l’assistance fût le travail accompli par l’homme valide, et il poussait, disait-il, le principe si loin, qu’il emploierait l’ouvrier pauvre un jour à creuser des trous et le lendemain à les combler plutôt que de le laisser sans rien faire. Notre gouvernement de 1848 ne croyait sans doute pas avoir été précédé par un homme de la sainte-alliance dans le système des ateliers nationaux.

Après quatre mois de délibérations et d’enquêtes, le comité présenta son rapport à la chambre le 14 juillet 1817. Par une contradiction étrange et qui s’explique comme l’empirisme dans les situations désespérées, après avoir posé les vraies bases des rapports du capital et du travail, le comité n’en conseilla pas moins l’établissement de fermes paroissiales pour occuper les ouvriers sans emploi. Deux actes plus sages résultèrent immédiatement de son initiative. Le bill de la vestry paroissiale (the parish vestry act) et celui de la vestry élue (the sélect vestry act) furent présentés par le président du comité, afin de mettre les affaires de la paroisse entre