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dont l’objet est la connaissance des lois qui président aux actes des êtres vivans, et à la science qui étudie les influences réciproques du milieu sur l’être organisé, étude importante par laquelle la biologie se rattache immédiatement à l’histoire. Chez les anciens, l’anatomie et la physiologie restèrent dans un état d’imperfection notable, malgré les tentatives des premiers médecins et des philosophes naturalistes. Toutefois, dès ce temps-là, le traité d’Hippocrate sur les airs, les eaux et les lieux est une admirable étude de l’influence des milieux sur l’homme. Aristote, venu après Hippocrate, agrandit considérablement le domaine des connaissances biologiques par ses généralités fécondes et ses travaux d’anatomie comparative ; on lui doit la distinction bien nette de la vie végétative et de la vie animale, et des considérations profondes et lumineuses sur les rapports qui existent entre les parties des animaux. Les anatomistes d’Alexandrie, chercheurs pénétrans et minutieux, ajoutèrent des particularités précieuses à la somme des connaissances : ils découvrirent les nerfs, découverte capitale pour l’intelligence des êtres organisés. Galien, commentateur et encyclopédiste ; résuma tout le savoir des anciens en médecine, anatomie et physiologie. Son beau traité de l’usage ou de l’utilité des parties est un monument élevé entre l’antiquité et le moyen âge. Inférieur à l’antiquité en beaucoup de points, le moyen âge l’emporte sur elle par la culture de l’alchimie, d’où devait sortir la chimie, sans laquelle la biologie ne serait point. On connaît les grands travaux de la renaissance, les importantes découvertes qui suivirent, et les prétentions folles de la physique et de la chimie, qui faillirent absorber la médecine. Enfin, après trois siècles d’efforts impuissans, Bichat, renouvelant avec succès les tentatives de Glisson, de Baglivi, de Haller, de Bordeu et de Hunter, arracha la biologie à son état précaire, et la fonda sur la connaissance des propriétés spéciales et irréductibles inhérentes aux tissus. Dès lors la matière brute ou inorganique fut nettement distinguée de la matière organisée et vivante, laquelle, outre les propriétés physiques et chimiques, a des propriétés inhérentes, dont la manifestation constitue la vie, celle-ci n’étant, comme on l’a cru longtemps et comme quelques-uns continuent de le croire, ni un principe ni un résultat, mais une simple manifestation des propriétés spéciales de la matière organisée. La propriété fondamentale, c’est la nutrition, sans laquelle il n’y a point de vie, c’est-à-dire point d’activité de l’organisation, cette activité ne pouvant se produire que dans un ensemble favorable de conditions extérieures. La vie ne peut donc se concevoir indépendamment de la substance organisée qui en est le siège : il n’y a point de vie sans organisation ; mais il n’y a pas nécessairement vie partout où il y a organisation. La nutrition est la propriété la plus générale des tissus : elle est le fondement de la vie