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organique. L’absorption, la sécrétion, le développement, la reproduction, autant de propriétés du même ordre qui se rattachent à la nutrition et en dépendent. La contractilité et l’innervation sont des propriétés de la vie animale ou de relation. Toutes ces propriétés se trouvent réunies chez les animaux supérieurs, chez l’homme par exemple, qui est à la tête de la série, de sorte que l’on a trois degrés de la vie : végétalité, animalité, humanité, qui résument et embrassent le monde organique. Ce n’est pas ici le lieu de s’arrêter aux considérations élevées de l’anatomie générale, ni aux distinctions qu’elle établit entre les parties simples ou élémentaires (principes immédiats, élémens anatomiques), les tissus, les humeurs, les systèmes et les appareils, que l’on peut étudier en allant du plus simple au plus composé, ou en allant au contraire du plus composé au plus simple, ce qui est le cas ordinaire dans l’étude de l’organisation animale. L’essentiel est de savoir que la vie est inséparable des organes qui en sont le siège, et qu’elle suppose l’idée d’un milieu avec lequel les organes sont en relation.

Les actes d’ordre organique ou actes vitaux qui s’accomplissent dans des conditions normales constituent l’état de santé ; mais si des influences diverses, internes ou externes, amènent des troubles, l’état devient anormal, et c’est la maladie. La médecine étudie ces deux états et se divise conséquemment en deux parties : l’hygiène, qui surveille la santé et prescrit les moyens de l’entretenir, et la thérapeutique, qui applique les agens propres à vaincre la maladie, c’est-à-dire capables de ramener l’ordre dans l’économie troublée. L’hygiène a pour point de départ la science des milieux, elle traite de l’influence réciproque des organes sur les choses extérieures ; la pathologie, qui aboutit à la thérapeutique, s’occupe des désordres survenus, soit dans la disposition matérielle des parties, soit dans les phénomènes de l’économie vivante. Toute la médecine s’appuie de la sorte sur la connaissance des modifications que peut subir l’être organisé, car toute maladie est modification, de même que toute thérapeutique, toute l’efficacité de la médecine dépend du judicieux emploi des moyens capables de modifier l’être vivant. La maladie n’est donc pas une abstraction, c’est une réalité : elle a un siège quelconque, puisqu’elle n’est autre chose qu’une altération des propriétés normales dans les parties vivantes. Cette vérité, qui est la base de la philosophie médicale, a triomphé, grâce à Broussais. Ce grand homme, continuateur de l’œuvre de Bichat, accomplit la réforme définitive, et du jour où il démontra qu’il n’y a point de maladies essentielles, le fantôme qu’il poursuivait sous le nom d’ontologie disparut sans retour. Ce n’est pas sans raison que ce réformateur hardi appela la médecine physiologique. En définitive, la pathologie étudie les mêmes actes que la physiologie,