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de transit perçus à l’intérieur de l’empire, l’admission du commerce étranger dans un plus grand nombre de ports et dans les principaux fleuves, la répression de la piraterie et l’établissement sur les côtes d’une police efficace, à laquelle le gouvernement anglais offrait de prêter son concours. Lord Elgin ne disait pas un mot du trafic de l’opium, mais il mentionnait deux questions très importantes, à savoir l’admission des ministres étrangers à la cour de Pékin et le traitement des chrétiens.


« Il est probable, disait-il, que si Pékin, le siège du gouvernement impérial, avait été accessible aux ministres étrangers, selon l’usage qui prévaut parmi les grandes nations de l’Occident, les calamités qui ont récemment affligé Canton auraient été conjurées… Dans quelques parties de l’empire, les chrétiens sont soumis à un régime qui est contraire et aux intérêts de la civilisation et aux doctrines professées par les plus grands philosophes de la Chine. Cependant les chrétiens ne désirent que la faculté de vivre en paix et d’accomplir leurs devoirs envers Dieu et envers les hommes. Pourquoi dès lors seraient-ils persécutés ? Si donc un délégué de l’empereur se présente à Shang-haï avant la fin de mars, muni de pleins pouvoirs non-seulement pour indemniser les sujets anglais des pertes qu’ils ont éprouvées et le gouvernement de la Grande-Bretagne des frais d’une guerre qu’il s’est vu obligé d’entreprendre, mais encore pour traiter sur les points indiqués plus haut, le soussigné l’accueillera avec les intentions les plus conciliantes et avec le sincère désir de s’entendre sur les combinaisons qui pourront rendre inutile tout nouveau recours à la force des armes, rétablir la bonne harmonie entre les grandes nations de l’Occident et la Chine, enfin permettre aux troupes alliées de se retirer de Canton. Si au contraire, à la date fixée, il ne se présente à Shang-haï aucun plénipotentiaire, ou si l’envoyé de l’empereur n’a que des pouvoirs insuffisans, ou encore si, muni des pouvoirs nécessaires, il refuse d’accéder à des propositions raisonnables, le soussigné se réserve expressément le droit de prendre, sans autre avis, ni délai, ni déclaration de guerre, telles mesures qu’il lui paraîtra convenable d’adopter pour obtenir satisfaction au nom de son gouvernement. »


C’était un ultimatum, mais les termes de cette note ouvraient en même temps une large porte à la conciliation. La note du baron Gros devait être à peu près identique, tout en faisant sans doute une part plus grande à la question religieuse, qui intéressait particulièrement la France. Sauf les conclusions comminatoires, les notes adressées au premier ministre par le comte Poutiatine et par M. Reed renfermaient les mêmes demandes. Dans le courant de mars 1858, lord Elgin et le baron Gros étaient à Shang-haï, attendant la réponse.

Cette réponse, datée du 21 mars, fut adressée, non par le premier ministre, mais collectivement par le gouverneur-général des deux Kiangs et par le gouverneur du Kiang-sou, qui, on l’a vu plus