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l’astronomie théorique a toujours été leur étude principale, et quelques découvertes, quelques créations utiles, ont déjà signalé le mouvement scientifique dont ils ont été les initiateurs. C’est grâce à ces découvertes qu’on voit s’élever aujourd’hui l’un après l’autre des observatoires dans les différens états de l’Union.

Pour apprécier à leur juste valeur les travaux des astronomes de Cambridge, il faut d’ailleurs se rappeler que la science astronomique n’enregistre plus aussi souvent aujourd’hui de ces grandes découvertes dont le retentissement est général, et dont les auteurs sont portés, comme par un coup de fortune, au faîte de la gloire et de la popularité. Le temps est déjà bien loin où les savans, armés des premières lunettes d’approche, n’avaient en quelque sorte qu’à promener leurs regards dans le ciel inexploré pour y faire une riche moisson de découvertes, où le monde, agrandi pour l’homme, lui découvrait chaque jour quelque nouveau secret, où le génie de Kepler et de Newton s’élevait aux lois éternelles qui président aux mouvemens célestes et en assurent la perpétuité. Une heure vint pourtant où l’astronomie de précision constata des perturbations dans l’harmonie générale des cieux. En analysant avec une rigueur nouvelle la marche des corps emportés dans notre tourbillon solaire, on reconnut qu’ils s’écartent insensiblement des chemins que les lois de Kepler et de Newton leur avaient tracés. Les mondes semblaient menacés d’une ruine inévitable, quand, pénétrant le secret de ces perturbations par un effort de génie qui fera vivre son nom dans les siècles les plus reculés, Laplace montra que ces écarts, loin de compromettre la stabilité de l’univers, l’assurent à jamais, et ne sont en quelque sorte que les balancemens éternels des mondes autour de l’équilibre qu’ils poursuivent éternellement.

Ces grands principes une fois posés et confirmés par la découverte de la planète Neptune, on peut dire qu’il ne reste à faire dans notre système solaire que des découvertes de détail. Une petite planète appartenant au nombreux cortège de celles qui circulent entre Mars et Jupiter, un satellite attaché à l’une des grandes planètes, quelques particularités sur la constitution de ces corps, voilà tout ce que le travail le plus patient, la vigilance la plus attentive peuvent découvrir dans cette région du soleil, qui est en quelque sorte le domaine familier de l’astronomie, et nous avons vu que les découvertes faites dans le monde saturnien par MM. Bond tiennent une place éminente dans cet ordre de recherches. Les astres errans qui traversent notre système fournissent heureusement aux hommes de la science des sujets d’études nouvelles, et sur ce point les observations de M. G. Bond sont extrêmement précieuses. En étudiant ces