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pour les garçons ; il y en a aussi pour les filles. Elles s’ouvrent tous les soirs une heure après la sortie des ateliers. On voit là des hommes faits, en grand nombre, qui apprennent à épeler, et se montrent plus fiers de leur résolution qu’humiliés de leur ignorance. D’autres possèdent déjà tous les élémens d’une bonne instruction, et ne viennent que pour s’entretenir et se fortifier. Tout récemment des professeurs de dessin ont été adjoints à l’instituteur ; ce n’est qu’un commencement, mais qui pourra avoir d’heureuses conséquences dans une ville comme Paris, où fourmillent les industries de luxe, et où la plupart des ouvriers sont nés artistes. Outre ces classes d’adultes fondées par la ville, il existe à Paris deux associations qu’on ne sait comment louer, tant elles font de bien et tant elles sont méritoires. L’une, l’Association Polytechnique, remonte à 1830. Elle a trois sièges dans Paris : à l’École Centrale, à l’école communale de la rue Jean-Lantier et à l’École de Médecine. L’autre, l’Association Philotechnique, est un démembrement de la première et ne date que de 1848 ; elle fait chaque soir trois cours dans le local de l’école Turgot, et un cours de dessin dans celui de l’école de la rue Sainte-Elisabeth. Un arrêté du préfet, du 7 février 1861, vient de l’autoriser à ouvrir de nouveaux coure rue des Poirées n° 1, section de la Sorbonne. Ces deux associations ont du reste le même but et le même succès. La ville et le gouvernement supportent tous les frais d’éclairage, d’affiches, etc. ; quant aux fonctions des professeurs, elles sont absolument gratuites et on ne peut plus fatigantes, car chaque soir les amphithéâtres débordent. Le ministre de l’instruction publique vient en personne, chaque année, distribuer des livres, des médailles et des livrets de la caisse d’épargne aux élèves des deux associations : la distribution se fait dans la vaste enceinte du Cirque, où se pressent six mille spectateurs. Outre les cours de grammaire française, de géométrie, de dessin, de langues vivantes, professés par l’Association Polytechnique et l’Association Philotechnique, les ouvriers ont encore à Paris des cours spéciaux de dessin. Il y a d’abord celui de la rue de l’École de Médecine, qui est très ancien et excellent ; le jour on y enseigne le dessin et les sciences accessoires à des jeunes gens qui se destinent à l’École des Beaux-Arts, et le soir aux adultes. C’est là qu’on a fondé en 1859 un cours de gravure sur bois, déjà en pleine prospérité. Cinq autres cours de dessin sont ouverts gratuitement tous les soirs ; les ciseleurs, les graveurs sur métaux, les bijoutiers, les dessinateurs pour étoffes, les ornemanistes y affluent. Les deux plus remarquables sont peut-être ceux de M. Lequien père, rue Ménilmontant, et de M. Justin Lequien, rue de Chabrol. Les cours du Conservatoire des arts et métiers doivent être cités en dernier