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L’ANGLETERRE
ET
LA VIE ANGLAISE

XII.
L’INDUSTRIE DU PAPIER.
LES BOUTIQUES DE CHIFFONS, LES FABRIQUES DU KENT ET LA POSTE DE LONDRES.

Un moraliste anglais du XVIIe siècle, Thomas Fuller, a voulu retrouver le caractère des différentes nations de l’Europe dans la nature du papier qu’elles fabriquaient alors. Selon lui, le papier vénitien était élégant, subtil, et pour ainsi dire courtisan ; le papier français était léger et délicat ; le papier hollandais, corpulent et grossier, suçait l’encre comme une éponge, image en cela d’une race qui cherchait à absorber tout ce qu’elle touchait. Ne pourrait-on, d’après le même principe, distinguer dans le papier anglais, — lequel était encore rare du temps de Fuller, — quelques-uns des traits du caractère britannique, tels que la force et la consistance (steadiness) ? Sans nous arrêter d’ailleurs à ces analogies, n’est-il pas juste de dire qu’il est peu de produits auxquels l’industrie anglaise ait imprimé un cachet plus profond d’individualité ? Le papier de la Grande-Bretagne se reconnaît tout de suite à des qualités qui le distinguent. D’un autre côté, la fabrication du papier (paper making) est pour nos voisins une source de travail et de richesse. On a évalué dernièrement à quatre-vingt ou cent mille le nombre de