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Des lettres de Naples, écrites par des personnes qui viennent de visiter les provinces voisines, nous apprennent qu’il n’y a là aucun danger sérieux. L’apparence seule de l’énergie suffit pour ramener les populations, plus peureuses encore qu’effarouchées. Les derniers renforts que l’on envoie au général Cialdini suffiront sans doute pour rendre le gouvernement maître de tout. Naples est gaie et animée, et il n’y a rien à craindre sur les dispositions de cette ville, qui est la plus peuplée de l’Italie, et dont la tranquillité constante pendant la dernière alerte est un témoignage qui mérite assurément d’être compté.

La pacification des provinces napolitaines est une tâche qui n’est certes point au-dessus des forces de l’Italie, et c’est une question d’honneur pour le gouvernement d’en venir à bout sans recevoir aucun concours, même indirect, de l’étranger. Comme nous le disions récemment, c’est par la pacification de Naples que l’Italie doit préparer la solution de la question romaine. Et en effet que pourra la réaction, que l’on dit si forte à Rome, quand les provinces du sud seront rentrées dans l’ordre ? La France pourra-t-elle, après une telle démonstration, s’exposer à favoriser indirectement une nouvelle éruption de guerre civile en maintenant par la présence de ses troupes l’état de choses qui dure encore à Rome ? Nous ne pouvons le croire. C’est parce que nous pensions que tout devait être subordonné à l’arrangement des affaires napolitaines que nous nous permettions de conseiller aux Italiens de faire trêve aux questions personnelles et d’ajourner les questions de cabinet. Il paraît que l’on approche de la solution que nous désirons, puisque M. Minghetti, assure-t-on, songe plus sérieusement que jamais à se retirer, l’abolition prochaine de la lieutenance de Naples s’écartant des idées qu’on lui connaît sur la division régionale et sur les nécessités particulières des provinces du sud de la péninsule. M. Minghetti est un des plus sincères libéraux de l’Italie ; c’est l’homme qui représente le mieux à Turin ce côté du caractère de M. de Cavour, qui était composé de tolérance et de laisser-faire. C’est aussi l’homme du cabinet qui serait le plus propre à entrer en rapports avec la cour de Rome le jour où le nouveau gouvernement devrait introduire ses premiers élémens dans la ville éternelle. Nous n’avons point souhaité la retraite de M. Minghetti ; mais, s’il s’y décide, il conservera à l’Italie, par une abdication opportune, une des intelligences les plus distinguées qui la puissent servir dans l’avenir.

e. forcade.


ESSAIS ET NOTICES.

les derniers combats en cochinchine.

Une première période de la campagne de Cochinchine, celle que terminait glorieusement la prise du grand fort de Ki-oa, a déjà été racontée dans