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on ne peut dire si elle était originairement sépulcrale ou baptismale. On a décidé la question en la dédiant au proto-martyr auquel la forme du sépulcre est assez communément consacrée. Une église de Saint-Étienne est le premier monument qui ait dû être érigé en mémoire d’une mort chrétienne. Celle-ci n’a guère de partie subsistante qui remonte au-delà des Carlovingiens. C’est d’abord un octogone très irrégulier, qui, suivant une inscription encore subsistante, a remplacé un temple d’Isis. A cet édifice central sont appliquées six autres églises, qui l’entourent, se commandent, et forment comme un labyrinthe sacré qu’une foi un peu légendaire a rempli de saintes merveilles. La première, celle par laquelle il faut entrer, est l’église dite du Crucifix, parce que le principal autel a pour pala une crucifixion du XIIe siècle. Le tombeau de marbre de la bienheureuse Giuliana de’ Banzi donne son nom à la seconde chapelle, d’où l’on passe dans celle du Saint-Sépulcre. Là est l’ancien baptistère lombard, et le saint-sépulcre est un tombeau creusé. pour saint Pétrone, appuyé contre un puits dont la margelle le domine assez pour qu’il faille y monter par un escalier de pierre ou de marbre. Naturellement l’eau du puits possède une vertu miraculeuse. Il servait au baptême par immersion; une galerie supérieure, close maintenant, en faisait le tour. Les colonnes qui soutiennent le dôme hémisphérique sont en marbre blanc, et viennent, dit-on, du temple d’Isis; quelques-unes sont accouplées. Le pourtour est recouvert d’une voûte à intersection et orné de peintures grecques presque effacées, et c’est cet édifice, empreint des signes de la vétusté, qui est comme le centre de ce monceau d’édifices. C’était le baptistère de la chapelle contiguë, dite de Saints-Pierre-et-Paul, qui peut avoir été la cathédrale primitive fondée au commencement du IVe siècle. On lui trouve un air d’architecture normande. Vous passez de là dans un petit cloître réputé pareil à l’atrium de la maison de Pilate, et qui s’ouvre sur un cloître plus orné, à deux étages. L’autel et l’oratoire de cette cinquième chapelle ont reçu les prières et les présens de nombreux pèlerins. La chapelle voisine est celle de la Confession, mot équivalant à martyre, sorte de crypte qui contient les tombeaux des martyrs Vital et Agricole. Un des piliers de la voûte passe pour la mesure exacte de la taille du Sauveur. Enfin la visite se termine à l’église de la Sainte-Trinité, célèbre par diverses antiquités chrétiennes et par les reliques de quarante martyrs que saint Pétrone apporta de Jérusalem. En parcourant ces chapelles étroites, obscurément éclairées de lampes votives, encombrées de débris sacrés, de statues peintes, d’images et de pierres que l’on baise à genoux, on rencontre ici la cour de Pilate, là une chambre de Caïphe, plus loin la maison de Lorette, puis jusqu’à la salle où fut célébrée la cène, enfin toutes ces reproductions peintes ou copiées des lieux évangéliques : on se