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LE FOU YÉGOF
ÉPISODE DE L’INVASION

DEUXIÈME PARTIE.


IX.

On peut se figurer l’animation, les allées et les venues des domestiques, les cris d’enthousiasme de tout le monde, le cliquetis des verres et des fourchettes, la joie peinte sur toutes les figures, lorsque Jean-Claude, le docteur Lorquin, les Materne, et tous ceux qui avaient suivi la voiture de Catherine, furent installés dans la grande salle de la ferme du Bois-de-Chênes. La cuisine flamboyait depuis le matin ; on retirait du four de nombreuses miches de pain, dont la bonne odeur remplissait toute la maison. — Dépêchez-vous, mes enfans, s’écriait Catherine Lefèvre ; il faut que la troisième fournée soit prête lorsque ceux de la Sarre arriveront. Cela fera six livres de pain par homme.

Les verres s’entrechoquaient, et l’on se remettait à causer de combats, d’attaques, de retranchemens. Chacun se sentait animé d’une confiance invincible, chacun se disait : Tout ira bien ! Mais le ciel leur réservait encore une grande satisfaction en ce jour, surtout à Louise et à la mère Lefèvre. Vers midi, comme un beau rayon de soleil d’hiver blanchissait la neige et faisait fondre le givre des vitres, et que le grand coq rouge, la tête hors du poulailler, lançait son cri de triomphe dans les échos du Valtin en battant de


Voyez la Revue du 1er septembre dernier.