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vive impulsion à l’agriculture, ce serait de l’autoriser à offrir en garantie des sommes empruntées par elle la plus-value calculée sur des améliorations de toute nature, — drainage, irrigations, colmatage, — et d’avance appréciée par des ingénieurs compétens.

Outre les raisons financières, le drainage peut rencontrer des causes toutes naturelles d’insuccès. Dans certaines terres où l’oxyde de fer abonde, les eaux égouttées dans les drains y portent parfois des dépôts ocracés qui les engorgent ; cet accident se manifeste surtout pour le drainage exécuté avec des tubes de faible diamètre. Un autre accident arrête quelquefois assez promptement l’écoulement de l’eau dans les drains, c’est l’introduction des racines entre les joints ; il se forme alors dans le tube un amas chevelu de radicelles vulgairement désigné sous le nom de queue de renard, et tellement volumineux qu’il intercepte bientôt le passage. On doit donc éloigner les rigoles des arbres qui sont en bordure, ou arracher ceux-ci lorsqu’ils avancent dans l’intérieur du champ à drainer.

Les causes principales des dépôts ocracés ont été reconnues par M. Mangon dans l’action de l’air atmosphérique, qui rend l’oxyde de fer insoluble, et dans le dégagement du gaz acide carbonique entraîné par les courans d’air. Pour supprimer ce double effet défavorable, M. Mangon fit arriver toutes les embouchures des petits tubes au-dessous du niveau de l’eau dans les tubes collecteurs ; on obtiendrait le même résultat sans doute en faisant déboucher ces derniers tubes seulement, au-dessous du niveau du liquide, dans les petits réservoirs ou regards interposés sur leur parcours, car alors le libre passage de l’air serait également intercepté. — Quant aux obstructions occasionnées par les racines des arbres en bordure ou des haies qui séparent certains héritages, on les combat d’ordinaire en interposant, entre les drains et ces arbres, des fossés profonds de 2 mètres au moins et remplis de pierraille. On suppose que les racines ne pourront traverser une couche de pierres qui n’offre pas sensiblement de substances assimilables par la végétation. Cependant il arrive encore souvent que peu à peu la terre végétale, venant à s’introduire entre les interstices des pierres ou des cailloux, y attire naturellement les radicelles, et que celles-ci, une fois engagées, continuent à se développer et traversent bientôt l’obstacle. Le mieux serait de maçonner ces fossés, au moins sur une de leurs faces, d’un mince ciment de chaux et de sable ; la dépense serait médiocre, et ce moyen offrirait en tout cas les plus sûres garanties contre le passage des racines.

Le prix courant du drainage tubulaire dans les diverses contrées où de grands travaux de ce genre ont été entrepris a varié beaucoup, suivant que les circonstances locales (nature des terres,