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ractère bien différent, et que le succès de la sécession équivaudrait presque pour elle à la réintégration d’une partie de l’Amérique dans son empire colonial?

Nous pouvons en terminant nous promettre que, dans quinze jours, le corps législatif aura donné des signes de vie, et nous aura mis en mesure de parler de ses travaux et de ses discussions. La session de la politique proprement dite a bien peu duré, l’espace de la discussion d’une adresse. La session des finances, la session des affaires, va commencer enfin. Elle serait bien courte, si elle devait s’arrêter au terme officiel de la dernière prorogation; mais nous espérons qu’après les longues semaines que le corps législatif a silencieusement consumées dans le travail des commissions, on ne lui marchandera pas une nouvelle prolongation de session. Avant tout, nos députés ont à discuter le budget. L’on affirme que la commission du budget a très sérieusement étudié la question des impôts nouveaux, et qu’on nous épargnera la surtaxe du sel. A merveille; mais, outre le budget, la chambre doit voter encore plusieurs lois importantes. Parmi ces projets de lois, il en est un qui est déjà passé, croyons-nous, par l’épreuve du conseil d’état, et que nous tiendrions à voir entrer le plus tôt possible dans notre code commercial. C’est une loi sur les sociétés que nous avons réclamée, il y a six ans, dans la Revue, au moment même où l’Angleterre réalisait cette réforme. Cette loi nécessaire à notre industrie dans la situation de concurrence active où les derniers traités de commerce l’ont placée vis-à-vis de l’étranger ferait, de droit commun et sans l’intervention du conseil d’état, jouir les sociétés constituées sur un capital modéré du privilège de l’anonymat, c’est-à-dire de la limitation de la responsabilité au capital social. Cette loi, destinée à encourager l’association des capitaux, était nous le répétons, le complément obligé de la nouvelle politique commerciale adoptée par la France.


E. FORCADE.



L’EXPÉDITION DU MEXIQUE.


Lorsqu’il y a déjà six mois on vit surgir au milieu de toutes les affaires contemporaines cette question du Mexique, qui n’était sans doute ni nouvelle ni dénuée d’importance, mais qui surprenait un peu l’opinion par les proportions inattendues qu’elle prenait tout à coup, un doute dut venir à tous les esprits qui ne se tournaient pas pour la première fois vers le spectacle d’anarchie et de honteuses misères qu’offrent quelques parties du Nouveau-Monde. Qu’allait-on faire au Mexique? Quel était le sens réel, quelles seraient les conditions et les limites de cette intervention collective