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blanc (verbascum) porte une fleur régulière et cinq étamines ; dans les genres à fleur irrégulière, chelone, scrofularia, il n’y en a que quatre, mais le cinquième est représenté par un mince filet sans anthère. Les espèces dioïques, c’est-à-dire à sexes séparés, dans des genres où toutes les autres sont hermaphrodites, proviennent également d’avortemens constans ; ainsi sur un pied tous les pistils avortent, sur un autre toutes les étamines. Le lychnis dioica, si commun dans les champs, en est un exemple bien frappant. Les palmiers-nains (chamœrops humilis), qui sont également à sexes séparés, portent quelquefois des fleurs hermaphrodites, indices de l’état normal dans ces végétaux, quoique dans l’état habituel un pied ne produise que des fleurs mâles, un autre des fleurs femelles.

Les soudures ou coalescences d’organes sont encore plus communes dans les végétaux que dans les animaux. Tous les organes de la fleur ayant une identité originelle, tous n’étant que des feuilles transformées, on conçoit qu’ils s’unissent facilement entre eux ; mais il est aisé de constater leur individualité. Dans une renoncule, une fleur de magnolia, un lis, toutes les parties de la fleur sont distinctes et séparées ; mais dans une campanule, une fleur de datura, de tabac ou de pétunia, on voit que le calice est formé de cinq sépales soudés par leurs bords : la corolle se compose aussi de cinq pétales unis en un seul tout, et les étamines sont également soudées avec cette corolle : elles sont soudées entre elles dans les mauves, les fleurs papilionacées, telles que le pois, le haricot, l’acacia commun, etc. Les fruits de l’aconit, de l’ellébore, se composent de carpelles séparés ; ils sont réunis sous une enveloppe commune dans l’orange, dont chaque quartier est un carpelle. Dans les mêlons à côtes, les traces de la séparation originelle se voient encore à l’extérieur ; elles ont complètement disparu dans le potiron, la pomme, la poire, le coing, etc. Quelquefois la soudure ne s’effectue pas : on trouve des corolles de campanule, de pétunia, composés de cinq pétales ; la nature nous livre son secret et nous confirme ce que l’inspection seule nous avait déjà démontré.

Situs partium constantissimus est. Les rapports des parties ne changent jamais, avait dit Linné dans sa Philosophie botanique ; c’est la loi de la constance des connexions appliquée aux végétaux. Quelles que soient ses métamorphoses, un organe occupe toujours la même place, et sa situation nous indique sa nature. Quand un filet sans anthère se trouve à la place d’une étamine, nous savons que ce filet est la trace d’une étamine avortée. Cette fixité des rapports se rattache à la symétrie, qui sans elle ne saurait subsister. Ainsi, comme nous l’avons dit au début de cette étude, les mêmes