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qu’il n’avait plus rien à me montrer et me rendait ma liberté. J’en profitai pour songer au retour. Le mois de décembre était venu, et il était temps de rentrer au logis. Je fis donc marché avec un voiturin pour me mener jusqu’à Pontedera, où je devais prendre le chemin de fer de Livourne. Cependant les mines de cuivre de Monte-Catini étaient à l’entrée de la route, au pied de la montagne même où s’élève Volterra, et je ne pouvais manquer de terminer ma visite de la Maremme par cette intéressante excursion.

Les Étrusques de Velathri ont ouvert les premiers ces gîtes, et c’est de là que l’Etrurie a tiré le bronze d’une partie de ses médailles et de tant d’autres objets d’art. Au moyen âge, la république de Volterra et après elle celle de Florence ; au commencement des temps modernes, le grand-duc Cosme Ier et ses deux fils continuèrent successivement les travaux. Les mines furent fermées dans la première moitié du XVIIe siècle, à la suite de la peste de Volterra. Le naturaliste Targioni, qui à la fin du siècle dernier parcourut la Toscane et ramena l’attention de ses compatriotes sur les richesses minérales de ce pays, dit dans son ouvrage qu’une société livournaise travaillait de son temps à Monte-Catini. M. Porte reprit cette exploitation, et après dix ans d’essais infructueux céda la mine pour $0,000 francs environ à trois capitalistes de Florence. Un an après, l’ingénieur allemand Schneider, directeur des travaux, mit humain sur des amas cuivreux si riches et si puissans que la mine produisit bientôt des millions, et enrichit au-delà de toute espérance ses trois heureux propriétaires. M. Schneider est vraiment un favori du sort. Peu d’années avant son entrée à Monte-Catini, il exploitait, avec un de ses confrères de Saxe, les mines de charbon de Caniparola, près de Gênes. Ces mines furent fermées faute d’un gain qui payât les frais, et nos deux mineurs firent contre mauvaise fortune bon cœur en ouvrant une boutique. Ils débitaient modestement le pain à la livre et le vin au fiasco à leurs rares cliens, quand Monte-Catini et une mine de cuivre voisine eurent besoin chacune d’un ingénieur et s’adressèrent à nos deux Saxons. Unis dans le bonheur comme dans l’adversité, les deux amis tirèrent à la courte-paille à qui écherrait Monte-Catini ; le sort tomba sur M. Schneider. Quelques mois après, son camarade périssait de mort violente, écrasé sous un éboulement.

L’heureux directeur du Potose toscan me permit de visiter ses travaux. À l’entrée de la galerie en descente par laquelle on pénètre dans la mine, sont les bustes en marbre de Targioni et de Porte, hommage mérité rendu à deux généreux promoteurs de l’industrie minière en Toscane. Pendant que j’examinais ces bustes, on m’apporta un costume complet : une culotte à fond de cuir, une veste de mineur boutonnant sur le côté, une ceinture pour passer le marteau, une grosse paire de bottes en caoutchouc et un fort