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ration importante, ce câble a fonctionné encore pendant plusieurs années; puis chacun des fils conducteurs s’est trouvé successivement hors de service. Il est probable que la gutta-percha, dénudée par l’usure croissante de l’enveloppe protectrice, aura été entamée à son tour. Il n’en est pas moins d’un intérêt capital de remarquer que ce câble, quelque imparfaite que fût l’industrie télégraphique à son début, a fourni une carrière de plus de dix années.

Dans le courant de 1852, un câble de 120 kilomètres de long, à un seul conducteur, fut immergé entre l’Angleterre et l’Irlande, de Holyhead à Houth, par 250 mètres d’eau environ. C’était, comme profondeur et comme longueur, une tentative beaucoup plus hardie que celle de l’année précédente. La pose réussit parfaitement; mais au bout de trois jours la communication fut interrompue. On n’avait pas eu la précaution d’interposer entre la gutta-percha et l’enveloppe métallique une couche de chanvre pour empêcher l’écrasement de la matière isolante. Ce premier essai de câble léger (il ne pesait que 300 kilogrammes par kilomètre) n’eut malheureusement aucun succès. En 1859, après sept années de séjour sous l’eau, on put en relever une longueur de 24 kilomètres; le fer était complètement oxydé; la gutta-percha paraissait très saine.

Pendant la même année (1852), une seconde tentative entre Portpatrick et Donaghadee, dans la même mer, n’eut pas une meilleure issue, quoique la distance ne fût que de 40 kilomètres. Une interruption se manifesta pendant la pose, et l’on dut renoncer à terminer l’opération. L’Irlande ne put être réunie à l’Angleterre que l’année suivante par un câble lourd de 4,500 kilogrammes par kilomètre immergé entre les mêmes points, de Portpatrick à Donaghadee. Celui-ci, d’un énorme volume, 11 centimètres de diamètre, n’a jamais occasionné aucune dépense de réparation. Aujourd’hui plusieurs fils assurent largement le service télégraphique entre les deux îles.

L’Angleterre ne pouvait se contenter, pour ses communications avec le continent, du seul câble de Douvres à Calais; par cette ligne unique, les transmissions étaient à la merci d’un accident, et puis les résultats financiers de l’exploitation étaient assez beaux pour susciter des concurrens. En 1853, la Compagnie électrique internationale, qui possède déjà la plupart des lignes télégraphiques terrestres dans les îles britanniques, fit immerger trois câbles à un seul conducteur entre l’Angleterre et la Hollande, d’Oxfordness à Scheveningen, distance d’environ 190 kilomètres; un quatrième fut posé deux ans plus tard. L’intention des ingénieurs avait été d’isoler les conducteurs, afin de pouvoir, en cas d’interruption, les relever successivement pour les réparer et pour que les transmissions