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pour l’immersion. Il va sans dire que la compagnie a fixé, avant la conclusion du marché, les dimensions de l’âme qui lui paraissent propres à donner une vitesse de transmission convenable, et qu’elle a fait étudier le tracé de la ligne, en sorte que l’entrepreneur ne traite qu’en connaissance du profil de la mer, de la nature du fond et de la distance réelle à franchir. À ces conditions, sa responsabilité peut aller jusqu’à perdre ses frais de main-d’œuvre et ses bénéfices dans le cas où une rupture se produirait pendant la pose.

Le traité peut être rédigé différemment. L’entrepreneur, fournissant sur facture l’âme et tous les matériaux de l’enveloppe protectrice, fait fabriquer le câble dans ses ateliers, sous le contrôle des agens de la compagnie. Il s’occupe en outre de préparer tous les engins nécessaires à la pose; il nolise les bâtimens, en justifiant des dépenses faites, qui lui sont immédiatement remboursées; puis il est rémunéré par des honoraires proportionnés à la dépense. S’il réussit, ces honoraires lui sont intégralement payés après le délai de garantie; s’il échoue, il les perd, et il est passible en outre d’une amende sur le cautionnement qu’on aura exigé de lui au début des travaux.

Quelles que soient les conditions du traité, il en est une qui les domine toutes, et que l’ingénieur, l’électricien et l’entrepreneur doivent également observer : c’est de n’omettre aucune précaution, si minime qu’elle paraisse. La plus légère négligence est un suicide, parce que le plus léger défaut peut être mortel. Ceci s’applique surtout à la pose, qui n’est praticable que pendant une courte saison. Il faut, sans hésiter, ajourner à la campagne suivante l’opération qui n’a pu être faite à l’époque de l’année la plus favorable.

L’industrie des câbles sous-marins, quoique bien nouvelle, a déjà pris une grande extension. La maison Rattier et Guibal, encouragée par l’administration des lignes télégraphiques, l’a introduite dans notre pays ; elle est arrivée à une fabrication courante de très bons câbles, de dimensions moyennes, immergés depuis quelques années sur notre littoral. En Allemagne, MM. Felten et Guillaume de Cologne ont fourni quelques conducteurs pour la traversée des fleuves et pour les côtes de la Mer du Nord. Leurs ateliers fabriquent à la fois l’âme et l’enveloppe protectrice. En Angleterre, où l’industrie est puissamment développée, le travail est divisé. Quelques manufactures, créées spécialement pour l’emploi du caoutchouc et de la gutta-percha, fournissent les fils conducteurs recouverts de matière isolante, entre autres la Gutta-Percha Company, connue depuis longtemps par la qualité de ses produits. La fabrication des câbles est achevée dans d’autres usines, parmi lesquelles nous citerons, comme les plus anciennes, celles de MM. Glass et Elliot à Green-