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du midi au nord : au milieu de toutes ces transmissions, il n’y a peut-être pas un souverain qui se dérange ; des sommes souvent très considérables changent de place en vertu d’arrangemens des plus simples. Je suppose qu’un receveur du gouvernement, collector of government ait à transmettre 50,000 livres sterling de Liverpool à Londres ; il se trouve le même jour un individu qui a besoin de faire remettre 50,000 livres sterling de Londres à Liverpool par le canal de la Banque d’Angleterre ou de ses onze succursales ; les deux transactions s’accomplissent aussitôt au moyen de quelques lignes écrites sur un livre et d’un avis expédié par la poste. Le revenu public déposé entre les mains de la Banque d’Angleterre s’élève dans les temps ordinaires à 1 million de livres sterling par semaine. En même temps qu’elle reçoit, la Banque paie pour le compte du gouvernement, tient des livres ouverts avec tous les services publics, acquitte tous les mandats qui lui sont adressés par la trésorerie, et remplit de son or et de son papier, quand il en est besoin, les diverses caisses de l’état. Ce dernier ordre de travaux nous amène vers le troisième département de l’institution, les banking-offices.

Ces bureaux occupent dans une des cours une aile séparée qui enveloppe l’ancien cimetière de Saint-Christopher-le-Stocks, aujourd’hui converti en un jardin. Sur le terrain des opérations de banque proprement dites (banking), l’institution de Threadneedle-street. ne saurait se flatter d’être seule ; quiconque s’est promené dans les rues de Londres a dû être frappé du développement extraordinaire qu’ont pris chez nos voisins les joint stock-banks (banques par association), et les private banking establishments (banques dirigées par des particuliers) . Ces maisons, dont j’ai compté jusqu’à soixante-quatorze dans la ville de Londres, se distinguent à l’extérieur par un style plus ou moins monumental. Si vous franchissez une double porte vitrée à chambranle d’acajou massif, vous vous trouvez au rez-de-chaussée dans une grande salle, où, sur les murs nus et peints en blanc, se détache une grosse horloge ronde en forme de montre. Dans toute la longueur de la salle règne un comptoir également en acajou ; les Anglais font de ce bois, regardé chez nous comme assez rare, un usage qui touche à la prodigalité. Derrière ces comptoirs se tiennent de distance en distance, devant un pupitre chargé de plumes, d’encre et de registres, des commis tout prêts à recevoir votre cheque, si vous êtes assez heureux pour en avoir un à leur présenter. Ce cheque est un bon au porteur tiré sur la Banque par quelqu’un ayant un dépôt et un compte courant avec elle. Le commis vous demande invariablement si vous voulez être servi en bank-notes on en or. On ramasse l’or, une fois compté, dans une pelle de cuivre, puis on le lance sur l’acajou dans la direction de