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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 février 1863.

La discussion de l’adresse au corps législatif est terminée. À quelques-uns elle a paru fort vive, d’autres l’ont trouvée trop contenue. Nous ne prendrons pas la peine de dire quelle est celle de ces deux appréciations qui nous paraît la mieux fondée. Cette discussion nous eût confirmés davantage, si cela eût été nécessaire, dans le sentiment que nous professons pour les débats de l’adresse selon le système français. Nous n’avons aucun goût, on le sait, pour cette délibération encyclopédique où toute la politique du pays et du gouvernement est passée en revue en quelques séances, et qui ne doit aboutir à aucune conclusion pratique. Nous sommes convaincus que l’usage des longs débats de l’adresse a beaucoup nui autrefois à la popularité du gouvernement parlementaire en France. Le nombre et la mesure des discours n’y étaient point proportionnés à l’importance des résultats ; il était impossible que les instincts du pays ne fussent point choqués à la longue de ce défaut d’harmonie. Encore, sous le régime parlementaire, cette campagne de harangues avait-elle au moins une raison apparente. Les ministres étaient alors responsables devant les chambres ; l’existence des cabinets dépendait des votes parlementaires : l’adresse alors était l’occasion naturelle de poser, comme on disait, la question de confiance. Ce prétexte, dont on abusait jadis, n’existe plus même aujourd’hui. À la vérité, les occasions de grands débats politiques étant parcimonieusement fournies au corps législatif actuel et nos députés n’étant plus investis du droit d’initiative, il faut bien profiter de l’adresse pour laisser un peu voir ce qu’on pense. Les inconvéniens de ce mode de discussion n’en subsistent pas moins. Les questions y sont soulevées avec une incohérence inévitable. Ceux qui les abordent sont pénétrés d’avance du sentiment de leur impuissance. L’opposition par exemple n’a pas même besoin d’être avertie par un triomphant ministre-orateur, pour savoir qu’au vote, et en-