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germe méritait d’échapper aux entraînemens d’une irritante polémique. La transaction issue de la publicité et de la discussion a su tenir compte de toutes ces délicates exigences. Elle ne porte préjudice à aucun intérêt réel ; elle ne mure l’avenir devant aucune initiative résolue. Elle ouvre le champ à une expérience dont le présent doit largement profiter, et qui ne peut que servir à éclairer les supputations ultérieures.

Un désir doit cependant survivre à l’agitation récente : c’est évidemment que la transaction conclue fasse disparaître tout esprit de discorde et de guerre. L’animosité qu’explique la lutte, si elle ne la justifie pas toujours, et dont il s’est retrouvé comme un retentissement jusqu’au sein du corps législatif[1], cette animosité regrettable n’aurait désormais plus d’excuse. Quelles que puissent être les futures éventualités, nul doute sur le présent intérêt soit des deux compagnies, soit des régions traversées par leur réseau, soit du pays en général : cet intérêt-là commande un accord qui n’entraîne du reste le sacrifice d’aucune des opinions exprimées, et qui est indispensable pour accomplir et féconder l’exploitation commune.


II

Tandis que la longue guerre engagée dans la région méridionale de la France n’intéressait que deux de nos principaux réseaux, la seconde question tranchée par les conventions de 1863, — l’extension des lignes et l’adoption de nouvelles bases financières, — avait une importance à peu près identique pour tous les chemins de fer français[2]. On ne se trouvait plus d’ailleurs sur un terrain entièrement neuf, libre de tout engagement ; on avait au contraire à revenir sur ses pas et à défaire des nœuds déjà formés.

Parlons d’abord de l’extension du réseau national ; c’est là en effet, depuis vingt ans, un objet de vives et légitimes préoccupations pour le pays. Choisir entre les nombreux projets qui surgissent de toutes parts, c’est établir une question de priorité qui soulève elle-même un autre ordre de considérations, celui des voies et moyens. Dès qu’il est hors de doute qu’on ne saurait tout entreprendre à la fois, il faut nécessairement que l’essor des opérations soit calculé d’après

  1. Discours de MM. Emile Ollivier et Jules Favre, 6 mai 1863.
  2. Des six grandes compagnies, celle du Nord seule ne figure pas dans ces conventions. Lorsque l’année dernière elle avait obtenu la concession de deux nouvelles lignes rangées dans l’ancien réseau et n’ayant qu’une très faible étendue, elle avait vu apporter à la convention antérieure quelques modifications que le rapport annuel déclare avantageuses à la compagnie, quoique de peu d’importance. — Loi et décret du 6 juillet 1862.