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cette combinaison. Nous avons non-seulement l’analogue de tout cela, mais nous en avons fourni les premiers modèles. La Belgique seule nous devance sur un point : inférieure pour les sciences d’application, elle a poussé plus loin les écoles d’apprentissage. On n’en compte pas moins de soixante-huit en divers genres. Les enfans y travaillent pour le compte d’entrepreneurs sous la surveillance des autorité locales. Dans la plupart des collèges communaux, l’exercice des professions manuelles prend une partie du temps des élèves. C’est du sein des municipalités que le mouvement est sorti, c’est par leurs soins et au moyen de leur argent qu’il se développe. La vie locale, si active chez les Belges, n’a pas négligé cet aliment. Liège se fait remarquer par l’énergie et l’intelligence qu’elle apporte à multiplier les fondations utiles. Son école est particulièrement pratique ; on y a récemment adjoint un laboratoire public pour les manipulations de la chimie industrielle. Dans tout cela, rien de général ni qui ressemble à un système ; les fabriques, les villes, les compagnies ne prennent conseil que d’elles-mêmes : nulle part on n’aperçoit la main de l’état.

En Allemagne, il existe une institution qui s’y rattache plus étroitement : ce sont les Real Schulen, c’est-à-dire les écoles réelles ou positives. La Prusse, la confédération germanique, les parties allemandes de l’empire autrichien en entretiennent un assez grand nombre ; leur nom sert d’argument, et fait assez bonne figure dans les plaidoyers en faveur de l’enseignement professionnel. Il ne faut ni surfaire ni déprécier ces écoles ; elles rendent des services, leur action est sérieuse, quoique restreinte. Ce qui les distingue d’abord, c’est que la pensée n’est nulle part venue aux gouvernemens de les confondre avec les lycées et les gymnases ; les gymnases et les lycées sont le siège exclusif de la grande éducation, les écoles réelles ne s’ouvrent qu’à la petite. Les élèves pas plus que les maîtres ne s’accommoderaient du contact, et puisqu’on cite l’Allemagne, il conviendrait de profiter de la leçon qu’elle donne ; on n’y admet ni le mélange ni la confusion. Pendant que les lycées et les gymnases ont huit classes de latin et de grec, au bout desquelles, après un examen, l’étudiant arrive à ce que l’on nomme un certificat de maturité supérieur à notre baccalauréat, et qui l’introduit dans les carrières universitaires, les écoles réelles, plus modestes, plus humbles, se renferment dans une instruction technique destinée à former des industriels, des commerçans, des agriculteurs. On les désigne dans quelques états sous le nom d’écoles bourgeoises pour les distinguer des écoles populaires ; les études y sont plus fortes que dans ces dernières, mais, au lieu de conduire aux universités, elles ne donnent accès que dans les instituts polytechniques. Cet ensemble est rigoureusement ordonné ; aucune combinaison