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Naples, où l’on voit les premiers orangers croissant en plaine et sans abri, serait moins surpris, parce que la transition, sans être plus forte, est plus lente et plus ménagée. Les illustres chimistes Liebig, de Munich, et Woehler, de Gœttingue, se trouvaient à Lugano : un grand nombre de savans vinrent les saluer, et un petit congrès supplémentaire suivit et compléta le grand congrès de Samaden.


II. — TRAVAUX DE LA SOCIETE HELVETIQUE DES SCIENCES NATURELLES.

Ma tâche n’est point finie. Dussé-je être abandonné du lecteur fatigué, je dois faire connaître les travaux scientifiques publiés par les membres de la Société helvétique des sciences naturelles. Je ne puis songer à une analyse détaillée, je me bornerai à un coup d’œil général. Les publications de la société commencèrent en 1817. Le professeur Meisner de Berne faisait paraître un annuaire qui rendait un compte sommaire des communications faites pendant les sessions. Cet annuaire s’arrêta en 1824. Les Mémoires de la Société helvétique datent de 1829 ; ils forment actuellement dix-neuf volumes in-quarto avec de nombreuses planches et un certain nombre de cartes. Dans ce recueil, c’est la géologie qui domine, et surtout la géologie de la Suisse. Le massif du Saint-Gothard est le sujet de recherches contenues dans les premiers volumes : elles sont dues à MM. Lusser et Lardy. Tous deux se sont attachés à étudier ce groupe de montagnes qui semble former le centre ou le nœud des Alpes suisses. Ces travaux ont mis hors de doute un fait important qui s’est généralisé depuis : c’est la structure en éventail des grandes masses alpines. Je m’explique. Le voyageur revenant d’Italie pour traverser le Saint-Gothard remarque, à partir d’Airolo, au pied méridional du passage, que les couches de gneiss et de schistes qui le composent s’enfoncent pour ainsi dire dans les flancs de la montagne, et plongent par conséquent vers le nord ; à mesure qu’il monte, les couches semblent se relever, et quand il atteint le sommet, elles sont verticales et ne plongent plus ni vers le nord ni vers le sud. En redescendant sur le versant septentrional, le même voyageur constate que les couches s’inclinent de plus en plus ; mais l’inclinaison est précisément en sens opposé de celles du versant méridional : elles plongent vers le sud et se renversent vers le nord. La montagne offre donc la structure d’un éventail. La force colossale qui l’a comprimée latéralement a produit des effets visibles aux yeux, les plus inattentifs. Quels sont les voyageurs qui n’ont point été frappés du contournement des couchés de l’Axenberg en face de Fluelen ? Sur le pont du bateau à vapeur qui fait le trajet de Fluelen