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communes et recevant 2,011 enfans, et trois cent quatre-vingt-huit ouvroirs fréquentés dans deux cent quatre-vingt-seize communes par 13,200 jeunes filles.

Enfin la monarchie de 1830 a poursuivi son œuvre jusque dans le sein de l’armée, qui comptait presque autant d’écoles que de régimens. La loi de 1832 sur le recrutement statuait que les jeunes gens appelés au service recevraient l’instruction prescrite par les écoles primaires, et le ministre de la guerre s’empressa de consacrer 150,000 francs par an à l’extension des écoles régimentaires.

Nous ne saurions passer sous silence une institution touchante, due à la pensée charitable d’un honorable citoyen[1], et encouragée dès ses premiers pas par MMe la duchesse d’Orléans en son nom et au nom de son fils le comte de Paris. Sa bienfaisante initiative a fondé, sous le nom de crèches, des asiles pour les nouveau-nés, de telle sorte qu’on peut dire qu’il n’existait pas alors un âge depuis la naissance jusqu’à la majorité qui ne trouvât à côté de lui la noble passion de la charité et du progrès social.

Il n’est pas sans intérêt maintenant de réunir et de rapprocher le nombre des élèves dans tous les établissemens d’instruction primaire :

Écoles primaire {
Garçons 2,176,079
Filles 1,354,056
Cours d’adultes 115,164
Salles d’asile 124,287
Écoles d’apprentis, garçons 2,011
Ouvroirs, filles 13,200
Total 3,784,797

Nous avons vu plus haut qu’avant 1830 toutes les écoles réunissaient environ 1 million d’élèves ; c’est donc 2,784,000 enfans et adultes de plus qui recevaient en 1848 le bienfait de l’instruction primaire, sans compter les écoles régimentaires.

Il restait sans doute encore beaucoup à faire, surtout pour élever le sort des instituteurs à la hauteur de leur mission : notre reconnaissance est acquise au gouvernement qui poursuit avec persévérance l’œuvre si bien commencée ; mais ne sommes-nous pas eu droit d’exiger le même sentiment envers cette monarchie parlementaire qui a fait mieux que rien, qui a tant fait pour cette œuvre nationale, philosophique et chrétienne ?

L’exposé des efforts de la monarchie de 1830 pour la propagation de l’instruction populaire ne serait pas complet, si nous n’ajoutions qu’elle fut placée sous la surveillance active non-seulement des comités locaux institués par la loi de 1833, mais aussi d’un vaste système d’inspection qui comptait, au 1er janvier 1848, un inspecteur dans chaque chef-lieu de département et 104 sous-inspecteurs, dont le nombre devait atteindre plus tard celui des arrondissemens, et qu’un projet de loi destiné à améliorer

  1. M. Marbeau, ancien adjoint au maire du premier arrondissement de Paris.