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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juin 1864.

Il faut bien s’accoutumer à vivre avec son mal ; il faut bien que les intérêts politiques ou autres que le conflit dano-allemand inquiète et agite depuis six mois prennent leur parti de vivre quelque temps encore avec la conférence de Londres et les incertitudes de la campagne diplomatique engagée sur cette question. Nous craignons qu’il ne soit pas permis de compter sur une prompte solution de cette affaire. Nous sommes en présence d’une simple et très brève prolongation de la suspension d’armes qui ajourne au 26 juin la reprise des hostilités. Les élémens d’une pacification seront-ils arrêtés au sein de la conférence avant cette époque ? Ce serait un miracle, et par conséquent c’est peu probable. La prudence est donc de n’espérer pour le 26 juin qu’un renouvellement à bref délai de la suspension d’armes. Encore ce résultat ne paraît-il point facile à obtenir, quand on connaît les raisons qui guident les deux parties belligérantes dans l’appréciation des conditions et des effets politiques d’un armistice. La conférence, depuis le 28 mai, s’est réunie quatre fois. Les deux dernières réunions, celles des 6 et 9 juin, ont été consacrées exclusivement à l’affaire de l’armistice. Ce fait seul indique les difficultés que cette question a soulevées. D’ordinaire, quand deux états en guerre conviennent de suspendre les hostilités pour négocier les bases d’un arrangement pacifique, c’est celui qui est le plus impatient d’arriver vite à la paix qui demande l’armistice le plus court, et c’est celui qui est le moins pressé d’en finir qui demande l’armistice le plus long. C’est ce qu’on a vu à la conférence de Londres : les puissances allemandes auraient voulu une suspension d’armes de deux ou trois mois, et ce sont les Danois qui ont insisté pour que le délai fût abrégé autant que possible. Les raisons tirées de la situation de chacune des parties s’ajoutaient, dans ce débat, aux inclinations diverses de chacun des belligérans, et les confirmaient dans la divergence naturelle de leurs tendances.

Le Danemark a besoin de la paix plus que l’Allemagne. Si les négociations