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du télescope, les frais de montage et d’abri sont augmentés par là dans une proportion qui rend l’achat de l’instrument inaccessible aux particuliers. Le télescope sera donc souvent préféré et tend chaque jour à l’être davantage.

Une fois construit cependant, il faut le diriger vers le ciel pour y contempler l’astre que l’on veut étudier, et comme le champ de la vision est malheureusement très borné, il faut lui imprimer un mouvement continu pour suivre les astres, qui, se déplaçant à chaque instant, ne seraient visibles dans un instrument fixe que pendant quelques secondes ; le télescope doit donc tourner, comme les astres, d’orient en occident, en faisant un tour en vingt-quatre heures. Si l’on songe que le grand télescope construit récemment pour l’observatoire de Marseille pèse 1,000 kilogrammes, on comprend toute la difficulté d’un tel problème.

La solution obtenue par un mécanisme d’horlogerie serait complètement insuffisante ; les impulsions successives, séparées nécessairement par des temps d’arrêt, donneraient à la lunette un tremblement continuel en faisant pour ainsi dire sautiller l’astre observé autour du fil auquel on doit rapporter son mouvement, et un tel instrument ne saurait suffire aux observations scrupuleuses et assidues de nos astronomes. Les systèmes les plus habituellement employés peuvent être comparés à des tournebroches plus ou moins perfectionnés et ne donnent aucune précision. Il faut citer néanmoins d’une manière spéciale l’élégant mécanisme appliqué par Gambey au petit équatorial qu’il a construit pour l’Observatoire de Paris ; mais tout en admirant cette ingénieuse solution, les constructeurs l’ont trouvée généralement trop indirecte et trop dispendieuse pour chercher à l’imiter. À Greenwich le nouvel appareil est mis en mouvement par un mécanisme dont on dit beaucoup de bien, et qui cependant ne semble pas pouvoir être définitivement adopté : c’est une petite turbine à eau dont la valve est gouvernée par un pendule conique ; mais la nécessité d’un cours d’eau et la possibilité de la gelée sont des inconvéniens graves devant lesquels la plupart des observatoires reculeront très certainement.

Peu satisfait de ces appareils et de quelques autres proposés ou essayés jusqu’ici, M. Foucault ne désespéra pas de pouvoir résoudre plus simplement ce problème difficile : il y est parvenu à l’aide d’un principe dont les applications doivent s’étendre dans toutes les branches de l’industrie. Tout le monde connaît les boules massives que l’on voit tourner dans toutes les machines à vapeur, et qui, s’écartant lorsque la rotation s’accélère, diminuent l’orifice d’admission de la vapeur en modérant la force dès qu’elle est devenue trop grande. L’efficacité de cette disposition est malheureusement